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compagnie, certaine de ne pas voir son dividende tomber au-dessous du chiffre garanti, certaine aussi de ne jamais arriver à l’extinction de sa dette, qui seule lui permettrait d’accroître le revenu de ses actionnaires, n’en vienne à se désintéresser des résultats de son exploitation. Nous n’en sommes pas là ; il ne faut pas se dissimuler qu’on pourrait facilement y arriver.

La situation des compagnies leur permet à toutes d’espérer qu’elles pourront un jour cesser de faire appel à la garantie. Pour S’en rendre compte, il faut rapprocher, du produit net actuel, le déficit total de chaque compagnie. c’est-à-dire le total des avances demandées à la garantie, et des insuffisances capitalisées au compte d’exploitation partielle. Le résultat des comtes de 1894 et des comptes approximatifs de 1895 montre que l’importance relative des déficits est la suivante :

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P. L. M. 9 pour 100 du revenu net en 1894 et 3 pour cent en 1895
Orléans 22 18
Midi 27 22
Est 29 25
Ouest 33 autant en 1895[1]


Pour que l’appel à la garantie prenne fin, il faut que les plus- values du produit net de l’exploitation de chaque réseau suffisent à couvrir, outre le déficit actuel les intérêts des capitaux qui seront dépensés pour les travaux complémentaires et pour l’achèvement des ligues neuves. Mais avec une gestion raisonnable, les intérêts des travaux complémentaires doivent tout au plus absorber le cinquième des plus-values annuelles. Quant aux travaux neufs, ils représentent maintenant peu de chose, sauf pour les compagnies de l’Est et surtout de l’Ouest qui n’ont pas terminé le remboursement de leur dette : même pour cette dernière, l’intérêt des capitaux à dépenser de ce chef n’atteindra pas 4 millions, et n’augmentera pas d’un cinquième les déficits à combler.

Quand on constate l’amélioration obtenue de 1894 à 1895, intérieure cependant. À celle qui avait été réalisée de 1893 à 1894, quand on songe qu’elle s’est produite dans une situation économique n’ayant rien exceptionnellement favorable, on doit reconnaître que le progrès à réaliser, pour que l’appel à la garantie cesse, n’est pas excessif ; même les deux dernières compagnies peuvent y arriver bien avant les vingt dernières années de leurs concessions lesquelles elles exploiteront à leurs risques et périls, la garantie devant incontestablement prendre fin auparavant.

  1. Cet exercice a été exceptionnellement grevé par divers accidens.