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vitesse, denrées ou messageries. Dans les nécessités financières qui suivirent les désastres de la guerre, on l’avait porté au chiffre énorme de 23,2 pour 100, en sorte qu’il constituait une entrave sérieuse au développement du trafic. Dans les conventions de 1883, l’État obtint des compagnies rengagement de réduire elles-mêmes sensiblement leurs tarifs, le jour où la surtaxe établie en 1871 serait supprimée.

En 1881, l’impôt sur la grande vitesse donnait un produit de 86 millions, inférieur de 3 millions à celui de 1883. La crise qui, dans les années suivantes, accentua dans une si large mesure le recul des recettes de la petite vitesse, ne fit que retarder la progression de celles de la grande vitesse. Elles reprirent bientôt leur marche ascendante et, en 1891, l’impôt donnait un produit de 96 millions. C’est alors que le dégrèvement fut résolu. Mais on ne se borna pas à supprimer la surtaxe établie après la guerre ; on abolit complètement l’impôt de la grande vitesse pour les messageries, denrées et bestiaux, en sorte qu’il ne frappe plus que les voyageurs et bagages, et encore avec le taux réduit que nous avons indiqué sur les lignes d’intérêt local. De leur côté, les compagnies, ne se bornèrent pas diminuer, comme elles s’y étaient engagées en 1883, le prix des billets simples à plein tarif, de 10 pour 100 en deuxième classe et de 20 pour 100 en troisième classe. Elles firent, pour les billets d’aller et retour, des réductions représentant, par rapport au prix quelles percevaient avant la réforme, 4 pour 100 pour la deuxième classe et 15 pour 100 pour la troisième. Elles établirent, pour les marchandises, des tarifs généraux communs, comportant des réductions considérables surtout pour les denrées. Au total, les sacrifices consentis, appliqués au trafic de l’année 1891, représentent environ 55 millions pour la part de l’État et 45 pour celle des compagnies.

Quelle a été l’influence, sur le trafic, de cette réduction de 100 millions, représentant au total 18 pour 100 des prix que payait le public, impôt compris ? Pour nous en rendre compte, il faut comparer la progression du trafic et des recettes, après la réforme, à ce qu’elle était avant. Le dégrèvement a été opéré le 1er avril 1892 ; l’année 1892, à cheval sur les deux régimes, ne peut donc pas fournir de résultats nets. Mais de 1891 à 1893, la réforme avait produit son entier effet, et le public avait eu le temps de s’y habituer. On peut donc utilement rapprocher la moitié de la progression réalisée par le trafic et les recettes, dans cet intervalle de deux ans, de la progression constatée en un an, avant la réforme, de 1890 à 1891.

De 1890 à 1891, le nombre de kilomètres parcourus par les voyageurs a augmenté de 343 millions ; c’est, à très peu près,