En 1893, les causes d’augmentation des dépenses que nous avons signalées, en traitant de la garantie d’intérêts, ont ramené le produit net au-dessous de 9 millions. En 1894 et 1895, la progression des recettes a repris, bien que, pour mettre les réserves de la Caisse en rapport avec les engagemens pris envers le personnelles retraites, on ait dû porter à 7 1/2 pour 100 du montant des salaires, les versemens faits par l’administration à cette caisse, qui n’étaient auparavant que de 5 pour 100.
Cette augmentation a été reconnue encore insuffisante, et en 1896, les versement seront portés à 10 pour 100, ce qui augmentera les dépenses de 300 000 francs environ. En dehors de cette charge, on n’aperçoit rien qui doive entraver la progression du produit net dans les prochains exercices. On peut même voir des motifs spéciaux d’amélioration dans la reconstitution du vignoble des Charentes et dans le développement du nouveau port de la Palisse.
Les adversaires de l’exploitation des chemins de fer par l’État ont souvent prétendu tirer argument de la faiblesse du produit net, par rapport au capital d’établissement. Le capital à rémunérer s’élève en effet à 721 millions[1], et l’État n’en tire dès lors qu’un intérêt de 1.29 pour 100. Il est vrai que, si l’on voulait dresser un bilan spécial des recettes et des charges que ce réseau entraîne pour l’État, il faudrait ajouter au produit net de l’exploitation 3 millions d’impôts sur les transports et 4 millions d’économies procurées aux services des Postes et de la Guerre, qui porteraient le bénéfice réel du Trésor public à 2.25 pour 100 du capital. Même ainsi complété, ce revenu est évidemment très intérieur aux charges des emprunts contractés pour les lignes du réseau d’État, qui dépassent en moyenne 4 pour 100, amortissement compris. Mais cette insuffisance du revenu ne saurait être imputée à la gestion de l’administration des chemins de fer de l’État, pas plus que l’élévation du coefficient d’exploitation[2] qui atteint 77 pour 100, tandis qu’il est en moyenne de 53 pour 100 sur les réseaux des compagnies. Il est évident, en effet, que, quand l’État a racheté, non d’après leur revenu, mais d’après leur
- ↑ Ce capital se compose de 620 millions dépenses directement par le Trésor en subventions aux anciennes compagnies, prix de rachat, travaux neufs et complémentaires et matériel roulant, et de 101 millions dépensés par la compagnie d’Orléans sur les lignes qu’elle a cédées par voie d’échange. On ne saurait, sans double emploi, y ajouter, comme on l’a fait parfois, le capital correspondant à l’annuité que l’État paye à la compagnie d’Orléans à titre de soulte de change, puisque cette soulte constitue précisément, avec le produit net des lignes appartenant jadis à l’État et cédées à la compagnie, le revenu tiré par celle-ci des 101 millions qu’elle a dépensées. Mais il faut remarquer que les dépenses comptées par l’État, pour les soultes neuves, ne comprennent ni frais généraux, ni intérêts pendant la construction.
- ↑ Fraction des recettes brutes qui est absorbée par les dépenses d’exploitation.