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Metropolitan à l’est ; elle doit compter ainsi 80 000 habitans environ, dont un tiers, probablement, de nègres, en y comprenant ceux qui travaillent dans les mines au sud de la ville et vivent dans les compound construits par les compagnies, et quelques centaines d’Hindous, petits commerçans et garçons d’hôtel. La population blanche serait donc de 50 000 à 55 000 âmes pour Johannesburg même, et de 80 000 à 90 000 pour tout le Witwatersrand, le grand district aurifère. La population blanche totale du Transvaal, dont l’étendue atteint la moitié de celle de la France, doit être comprise entre 200 000 et 220 000 habitans, tandis qu’il s’y trouve 650 000 à 70 0 000 nègres.

Mais la distinction de couleur n’est pas la seule qui s’impose : les blancs sont divisés en deux catégories nettement tranchées : les Boers, descendans des colons hollandais et des huguenots français, premiers immigrans arrivés de la colonie du Cap il y a cinquante ans, et les Uitlanders, les étrangers, accourus presque tous depuis la découverte de l’or en 1884 dans le district De Kaap, et surtout en 1885 dans le Witwatersrand. Ces nouveaux venus forment environ les deux tiers des blancs vivant sur le territoire de la République. C’est la population la plus mêlée qu’il soit possible d’imaginer : toutes les nations d’Europe y sont représentées ; mais les sujets anglais en forment la majorité. Encore importe-t-il de distinguer ici entre les immigrans venus des Iles Britanniques, ceux qui sont originaires des colonies anglaises de l’Afrique du Sud, le Cap et Natal, et les Australiens : la seconde catégorie est évidemment la plus nombreuse. En 1890, année où fut fait un recensement, assez peu exact, il est vrai, elle comprenait 29 280 personnes ; mais elles n’étaient pas toutes de race anglaise, car le mouvement d’émigration des Boers vers le nord n’ayant commencé qu’en 1835 et s’étant poursuivi pendant plusieurs années. presque tous ceux d’entre eux qui avaient dépassé cinquante ans se trouvaient être nés dans la colonie du Cap. Les sujets britanniques, non originaires de l’Afrique australe, étaient. À la même époque, au nombre de 8 980, tandis qu’il n’y avait que 5 354 étrangers appartenant à d’autres nationalités européennes ou américaines ; mais tous ces chiffres et surtout les derniers se sont énormément accrus depuis.

Parmi les immigrans de la colonie du Cap se trouve un élément particulièrement peu recommandable ; ce sont les anciens I. D. B. (illicit diamond buyers), acheteurs de diamans volés, qui pullulaient autrefois aux mines de diamans de Kimberley[1], et qui, voyant leur commerce ruiné par la concentration des mines

  1. A un certain moment, ce commerce s’était tellement répandu qu’on estimait que la moitié des diamans extraits des mines échappant à leur propriétaire légitime.