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rencontrent beaucoup de différences de genres et d’espèces, comparables aux variations d’une même mélodie ; mais ils trouvent aussi des types distincts les uns des autres ; ces types impriment à l’époque où ils sont réunis un cachet de supériorité, car plus il y a de diversité, plus il y a de force créatrice.

De nos jours, la nature animée présente une étonnante différenciation ; les océans nourrissent des cétacés, des tortues, des poissons, des invertébrés de genres très divers. Sur la terre ferme l’homme rencontre des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des insectes de formes variées. Partout se manifeste une diversité capable de satisfaire l’artiste le plus passionné pour le changement. Comment s’est-elle produite ?

La différenciation des êtres a dû avoir lieu plus lentement dans les temps anciens. En voici la raison : les changemens des animaux inférieurs sont moins rapides que ceux des animaux supérieurs. J’en ai été très frappé, il y a longtemps déjà, quand, après avoir étudié les invertébrés tertiaires des bords de la Méditerranée, à peine distincts des espèces actuelles, j’examinai les mammifères de Pikermi, presque tous différens de ceux qui vivent aujourd’hui. Je publiai alors une note intitulée : Sur la longévité inégale des animaux supérieurs et des animaux inférieurs dans les dernières périodes géologiques. Sir Charles Lyell et plusieurs autres savans ont fait également des remarques sur l’inégalité dans la durée des espèces. Le regretté docteur Fischer en a donné une preuve très concluante en découvrant, lors des explorations du Talisman et du Travailleur, des mollusques de mer profonde dont les espèces n’étaient encore connues qu’à l’état fossile. La coquille simple d’un mollusque n’offre pas autant d’occasions de changement que le squelette d’un vertébré et surtout d’un mammifère composé d’une multitude de pièces différentes. Aussi les mammifères sont de tous les animaux ceux qui marquent le mieux l’heure au grand calendrier des temps géologiques. Or, les êtres supérieurs n’ont pris leur développement qu’à une époque assez récente ; par conséquent nous devons croire que la longévité a été plus grande dans les anciens âges ; cela équivaut à dire que la différenciation s’est produite alors avec plus de lenteur.

Bien que les différences des êtres aient mis plus de temps à s’accuser pendant les époques primaires, nous voyons dans le Cambrien, qui est le plus ancien terrain dont la faune soit bien connue, une différenciation déjà bien marquée ; nous trouvons des cœlentérés, des cystidés, des vers,-des bryozoaires, des brachiopodes ; toutes les classes de mollusques et plusieurs de celles