inconnu de cette série de radiations qui ont, sauf la qualité d’influencer la rétine, toutes les propriétés des rayons lumineux ? Sont-ils des rayons cathodiques ? Enfin, est-il impossible de les ranger dans aucune des catégories connues et devons-nous, comme celui qui les a découverts, ne leur donner d’autre dénomination qu’un X mystérieux ? Il serait certainement prématuré d’essayer de répondre dès aujourd’hui à cette question ; toutefois M. Röntgen a conclu très nettement à la découverte d’un phénomène entièrement nouveau, et nous allons exposer ses argumens.
Les nouveaux rayons ne sont pas déviés par l’aimant ; les forces magnétiques les plus intenses ne modifient pas leur direction ; les rayons cathodiques au contraire, tant dans l’air que dans le vide, se courbent fortement dans un champ magnétique. Ce caractère semble suffisamment tranché. Mais s’il établit que les deux espèces de radiations sont distinctes, il ne supprime pas la relation intime qui existe entre elles ; les rayons de Röntgen prennent naissance aux points où les rayons cathodiques qui cheminent à l’intérieur du tube viennent rencontrer les parois ; les uns procèdent directement des autres, et nous ne pouvons les regarder comme indépendans, tant que nous ne saurons pas produire par une autre méthode les rayons nouveaux.
Existe-t-il quelque analogie entre les rayons de Röntgen et ces mouvemens de l’éther dont une partie produit la sensation de lumière ? On ne constate guère que des différences. La propriété la plus saillante de la lumière est de se réfléchir à la surface des corps et, quand elle passe d’un milieu dans un autre, de changer de direction, de se réfracter. Les rayons de Röntgen ne se réfléchissent ni ne se réfractent. L’auteur l’a démontré par une expérience ingénieuse : on sait que les corps les plus transparens deviennent opaques quand on les pulvérise ; pour prendre un exemple familier, le sel fin qui se trouve sur nos tables, quoique identique par sa composition chimique au sel gemme le plus pur, est bien loin néanmoins de laisser passer la lumière avec la même facilité ; il suffit d’une couche très mince pour cacher le fond de la salière. Les rayons lumineux, rencontrant les faces des grains, se réfléchissent et se réfractent en tous sens et, finalement, une grande partie d’entre eux est renvoyée vers l’extérieur ; un petit nombre seulement pénètre dans la masse, qui se trouve ainsi jouer le rôle d’un corps qui renvoie presque toute la lumière qu’il reçoit, c’est-à-dire d’un corps blanc et opaque. C’est pour une raison analogue que l’écume de l’eau la plus fangeuse présente, quand elle est assez fine, une couleur blanchâtre. On aura donc un moyen très sensible de reconnaître si un rayon peut se réfléchir ou se réfracter, c’est de le faire tomber sur une poudre fine ; s’il la traverse, comme il traversait le corps solide cohérent, c’est qu’il passe tout