ce qu’il a été longtemps par nécessité d’existence, un parti de combat. Tout cela n’était d’abord que discours : attendez les actes, nous disait-on. En voici un et des mieux caractérisés. Le rappel de M. Lefebvre de Béhaine est une rupture avec la politique de pacification, au moins relative, qui a rempli ces dernières années. Et, pour rompre avec cette politique, on n’hésite pas à compromettre nos rapports avec un pontife qui avait mérité mieux, sans mesurer les répercussions qui peuvent en rejaillir sur notre politique extérieure. La lecture de la presse officieuse de M. Crispi aurait pourtant dû éclairer notre presse radicale sur les conséquences de la mesure annoncée. Des deux côtés des Alpes, journaux crispiniens et journaux radicaux ont tenu le même langage et poussé le même cri de joie.
Il y a là, pour ceux qui ne se placent qu’au point de vue patriotique, quelque chose de profondément attristant. Les radicaux d’aujourd’hui n’ont pas assez médité le mot, d’ailleurs empirique, de Gambetta que l’anti-cléricalisme n’est pas matière à exportation. Ils en font volontiers le principe de notre politique au dehors comme au dedans. Hier encore, ils ont éprouvé une vive indignation et crié au scandale parce que M. Laroche, notre nouveau résident général à Tananarive, a écrit aux trappistes de Staouëli pour leur demander d’envoyer des Pères de leur ordre à Madagascar. M. Laroche promettait de leur donner les meilleures terres et de les traiter avec toute la bienveillance possible. Les termes de sa lettre étaient sympathiques et même affectueux. C’est que M. Laroche a été officier de marine, que son éducation politique ne s’est pas faite exclusivement sur les boulevards de Paris, dans les salles de rédaction des journaux ou dans les couloirs du Palais-Bourbon. Il a respiré l’air du dehors. Il a vu nos missionnaires à l’œuvre. Il a admiré combien, à l’étranger, loin des passions qui nous animent trop souvent chez nous les uns contre les autres, ils s’inspirent exclusivement de l’intérêt français. Il a été préfet en Algérie, et il a pu constater de ses yeux l’immense travail de défrichement qui a été fait par les trappistes. Aussi leur a-t-il écrit, avant de partir pour Madagascar, sans se douter que sa lettre serait un jour livrée à la publicité et provoquerait tant de colères. El. pourtant M. Laroche n’est pas suspect de cléricalisme, puisque, étant catholique, il s’est fait protestant. Il ne l’est pas plus que ne l’était Paul Bert, libre penseur fort peu tolérant en France, mais qui, à peine en route pour le Tonkin, a fait des découvertes dont il a tout de suite profité. Paul Bert était un homme de parti, très ardent, très passionné, mais de parfaite bonne foi et, par-dessus tout, excellent Français. Arrivé à Port-Saïd, il fut frappé de la manière dont étaient tenus nos établissemens congréganistes et de l’esprit tout patriotique qui présidait à leur direction. Ses lettres, pleines d’éloges et de demandes de secours, en font foi. Ce fut mieux encore lorsque, au Tonkin, il entra en rapports avec Mgr Puginier. Mais à