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M. SEELEY
ET SON
ESSAI SUR LES ORIGINES
DE LA POLITIQUE MODERNE DE L’ANGLETERRE

M. Seeley, le savant professeur de Cambridge, mort le 15 janvier 1895 , entendait l’histoire autrement que Macaulay, dont il ne possédait point la vive et riche imagination. Il ne se piquait pas de faire des portraits en pied ; il avait peu de goût pour les descriptions, pour les grands tableaux, pour les récits pittoresques et artistement composés. Il méprisait les anecdotes, et les traits de caractère ne l’intéressaient que par l’influence qu’ils avaient pu avoir sur les événemens, sur la conduite des affaires publiques. L’heur et le malheur des individus le touchaient médiocrement ; il n’a jamais eu d’autre objet d’étude que les changemens de fortune des États, leur grandeur et leur décadence, et laissant à tel de ses confrères le soin de raconter l’histoire constitutionnelle de la Grande-Bretagne, le développement de ses institutions, ses luttes et ses crises intérieures, il ne s’est guère occupé que de sa politique étrangère, de ses relations avec les autres pays de l’Europe. Comment a-t-elle acquis la domination des mers, comment s’y est-elle prise pour fonder le plus vaste empire colonial qui se soit jamais vu, cette question l’attirait plus que toute autre, et il y revenait sans cesse. En 1883, il publia sous le titre d’Expansion de l’Angleterre au XVIIIe siècle un livre fort remarqué. Il s’appliqua dès lors à en préparer un second, où il étudiait les origines et la formation de cette politique d’expansion, ce qu’il appelait ses années de croissance. On vient de publier ce second livre, qu’il n’avait pas eu le temps de revoir