Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/675

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un « concours » où il ne suffit pas de bien ou de très bien savoir ce que l’on sait, mais où il faut le mieux savoir que d’autres ; et, naturellement, il en résulte une émulation dont les effets ne sont pas tous également louables. Mais, pour le baccalauréat, à travers tant de remaniement, les conditions générales en sont demeurées les mêmes, et, — si ce n’est que l’on développe quelques parties du programme scientifique, — les matières en sont toujours celles de nos classes de rhétorique et de philosophie. Ne parlons donc pas de surmenage à propos du baccalauréat, ou, si nous en parlons, que ce soit en souriant ; et si l’on veut absolument que nous allégions les programmes, que ce soit alors en les élargissant, ou comme qui dirait en y faisant entrer un peu plus d’air et de liberté.

Il y en a un moyen très simple ; et, par exemple, au lieu de définir et comme de circonscrire la matière de l’examen par un programme, qui a toujours quelque chose d’essentiellement limitatif, disons, puisque aussi bien c’est la vérité même, que l’examen roulera, d’une manière générale, sur les matières des classes de rhétorique et de philosophie. Voilà qui sera suffisamment vague, sans l’être plus qu’il ne le faudrait, les matières des classes de rhétorique et de philosophie étant déterminées par le programme général des études. C’est en tout cas le meilleur moyen, ou plutôt c’est le seul, à notre avis, d’enlever à la préparation du baccalauréat ce que l’on y prétend trouver d’« artificiel » encore. Et je ne dis pas que nos rhétoriciens ou nos jeunes « philosophes» cesseront pour cela de songer à leur baccalauréat. Baccalauréat, ou certificat d’études, puisque le premier examen leur conférera nécessairement quelques droits, quand ce ne serait que celui de pouvoir passer plus tard le second, il est dans la nature qu’ils soient inquiets du résultat de cet examen, et ils en seront d’autant plus inquiets, ils en mêleront d’autant plus la préoccupation constante à leurs études qu’à mesure que l’enseignement se « démocratisera, » cet examen aura pour eux, pour leur avenir, pour leur vie tout entière, une plus grande importance. Mais les maîtres du moins, nos professeurs de rhétorique et de philosophie, auront recouvré cette liberté d’action que les programmes gênent toujours un peu, si l’on ne peut pas dire qu’ils l’entravent ; et leur enseignement ne sera pas plus apprécié, mais il le sera pour des raisons moins pratiques, moins militaires, plus désintéressées

Ne pourra-t-on pas alors demander à nos professeurs de facultés de se montrer plus exigeans ? et leur rappeler tout doucement que, s’ils trouvent le niveau de l’examen trop bas, ils n’ont donc eux-mêmes qu’à l’élever. Il ne dépend que d’eux de faire