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La Chartered a souscrit 300 000 livres (sept millions et demi de francs)dans le chemin de fer du Bechuanaland ; l’African Transcontinental Telegraph Company lance ses fils de Salisbury à Zomba, dans le pays de Nyassa. D’autre part de graves événemens ont marqué la fin de l’année 1892 : quelques collisions entre colons et Matabelés, des violences exercées par ceux-ci sur les gens du Mashonaland au service des blancs, décidèrent le haut commissaire anglais et l’administrateur du Mashonaland, le docteur Jameson, à entrer en campagne et à envahir le Matabeleland. Après deux batailles sur les rivières Shangani et Imbembezi, le roi Lobengula prit la fuite : le 13 novembre Buluwayo était occupé par les troupes de la Chartered. Le duc d’Abercorn rappela que toutes les mesures relatives à la guerre avaient été, aux termes de la charte, prises avec l’approbation et le consentement du haut commissaire de Sa Majesté pour l’Afrique méridionale, au nom du gouvernement de la reine.

Un mois plus tard, le 19 décembre 1893, nouvelle assemblée, ordinaire cette fois. Les comptes de l’exercice clos le 31 mars sont présentés au milieu des oraisons patriotiques ; cependant un membre de la réunion, James Price, faisant office du chœur antique et rappelant les enthousiastes à la réalité, se lève et déclare que le principal désir de la grande masse des actionnaires est un revenu pour le capital déboursé. On lui répond que la Compagnie attend surtout ses bénéfices des actions qu’elle reçoit dans les sociétés de mines. Il est curieux de voir cette régularité dans l’expression des espérances minières de la société, qui a évidemment besoin du reste des ressources pour tout autre chose que des paiemens de dividendes. Le même jour, 19 décembre 1893, une assemblée générale extraordinaire succède à la première et approuve un arrangement intervenu entre la Chartered d’une part, la United Concessions company, l’Exploring company et la Consolidated Goldfields of South-Africa.

Le 18 janvier 1895 se réunit la quatrième assemblée générale ordinaire, que le vice-président duc de Fife ouvre par un chant d’aIlégresse. Il déclare que la Compagnie, sortie de tous ses embarras militaires et financiers, est dans une situation supérieure à tout ce qu’il a pu rêver pour elle. Grace à l’énergie d’une poignée de braves, elle a assuré à l’Angleterre la possession d’énormes territoires. Une population barbare a par ses violences forcé la Chartered à prouver aux Matabelés qu’elle est de taille à maintenir la Pax brítannica. En tournant leurs regards d’un autre côté, les actionnaires verront avec satisfaction le développement des chemins de fer qui, de Capetown à Beira, finiront par