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sommes importantes avaient été déjà souscrites et que d’autres le seraient aussitôt qu’il le faudrait.

L’impératrice-reine écouta cette supplique de ses fidèles sujets et, par une charte octroyée en son nom et en celui de ses royaux successeurs, créa un corps politique constitué sous le nom de British South Africa Company, auquel elle attribuait la plénitude des avantages et droits ci-dessus énoncés, sous réserve des concessions faites dans le district de Tati. La Compagnie fut autorisée, sauf approbation du secrétaire d’État, à acquérir par voie de concession, d’arrangement ou de traité, tous droits, intérêts, juridictions et pouvoirs de n’importe quelle nature aux fins de gouverner et défendre les territoires concédés et leurs habitans. La corporation devra toujours rester anglaise, avoir son siège principal en Grande-Bretagne ; ses administrateurs et son état-major de fonctionnaires seront anglais. Tout différend qui surgirait entre la Compagnie et quelque chef ou tribu indigène pourra être évoqué par le secrétaire d’État à Londres, qui jugera en dernier ressort. Si à un moment quelconque ledit secrétaire d’État n’était pas d’accord avec la conduite suivie vis-à-vis d’une puissance étrangère par la Compagnie, celle-ci serait tenue de se conformer à ses injonctions à cet égard. Il pourrait également suspendre l’exercice de ses droits de souveraineté dans telle portion de son territoire où ils seraient contestés, jusqu’à ce qu’il ait lui-même tranché le différend.

La Compagnie fera tous ses efforts pour maintenir l’ordre et la paix : elle édictera des règlement à cet effet et pourra avoir une police armée. Elle travaillera à l’abolition de l’esclavage, et s’opposera à la vente de spiritueux aux indigènes. Elle laissera toute liberté religieuse aux habitans, sauf ce que l’intérêt de l’humanité pourrait exiger. L’exercice de tous les cultes sera permis à l’intérieur de ses frontières. En rendant la justice, elle respectera les coutumes et les lois établies, notamment en ce qui concerne la propriété, les successions, mariages, et en général le statut réel et personnel.

Si la Compagnie acquiert des ports, libre accès y sera donné aux navires anglais. Chaque année elle remettra au secrétaire d’État britannique un relevé de ses dépenses administratives et de ses recettes dérivant des services publics qu’elle assure, le compte de ces dernières devant être séparé de celui des bénéfices commerciaux réalisés. Elle remettra en même temps un rapport sur ses actes publics et la situation des territoires compris dans la sphère de ses opérations. Elle fournira au début de chaque année un état estimatif de ses dépenses et de ses revenus pour