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ferait conjointement avec moi. — Ce sont les confessions galantes de deux gentilshommes péri gourdins. — Cela aurait assurément beaucoup de succès. — Vous nous donnerez à chacun 600 francs, ce qui est fort raisonnable pour une idée aussi neuve et sublime. Qu’en dites-vous ? — Nous irons vous adorer ce soir ou demain et contempler, au fond de votre officine, les rayonnantes splendeurs de votre hure éditoriale et dominatoriale.

Que Dieu vous garde des romans historiques et de l’ainée de la petite vérole. Ne vous laissez pas mourir sans confession et surtout sans argent.

THEOPHILE GAUTIER.


15 mai 1837.

Jeune Renduel, ayez la bonté de m’envoyer quelques Maupin, afin que je fasse commencer le tambourinage. — Il faut mener cela d’une manière triomphante. — L’Eldorado va commencer à paraître sous huit jours ; ainsi dormez sur l’une et l’autre oreille. Il faudrait faire congruer cette apparition et cette résurrection afin que j’occupe le monde entier toute cette quinzaine. Nous devons en faire partir une centaine d’exemplaires, si nous ne sommes pas des cuistres véhémens ; je vais écrire au cher vicomte pour qu’il me donne un coup de sa franche épaule. Tout à vous.


A rapprocher du cher vicomte de Gautier cette phrase d’une lettre de Tony Johannot à Renduel : « Voici venir, mon bon ami, le premier dessin. J’espère que vous pourrez encore le faire voir au noble vicomte. Vous aurez le second dans deux ou trois jours. » Cette expression ironique, employée à la fois par le poète et par le peintre, est significative : ils s’inclinaient devant le maître, les fidèles du Cénacle, et lui prodiguaient les marques de respect, mais ils se riaient de lui, le dos tourné, comme ils raillaient de bon cœur ses prétentions à la noblesse et sa vanité.


VIII. — ROSA DE SAINT-SURIN. — JULIETTE BECARD. — EUGÈNE CHAPUS.

Les femmes auteurs, poètes ou romanciers, ont de tout temps été nombreuses en France, mais surtout à cette époque d’ébullition littéraire. Et combien d’entre elles avaient assiégé Renduel de leurs sollicitations réitérées : la duchesse d’Abrantès et sa fille Joséphine, Constance Aubert, Louise Brayer de Saint-Léon, appuyée par le brave Pougens, Marie de l’Epinay, Mme Albert de Terrasse, Mlle de Castillon, Mme C. de Rothenbourg, Ida Saint-Elme, la Contemporaine, dont les Souvenirs furent rédigés en fait par Lesourd, Malitourne, Amédée Pichot, Charles Nodier, etc. ; Victorine Collin, Sophie Pannier, Louise Meignand, auteur de la Fille-mère avec préface par l’auteur de l’Ane mort, Eugénie Signoret, Gabrielle Soumet, Fanny Tercy, Virginie de Sénancourt,