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de vipères. » Ce qui ne l’empêcha pas d’y construire un fort dans la maçonnerie duquel on a retrouvé, en 1778, des débris de sculptures antiques ayant servi de matériaux de construction. A partir du XVIe siècle, le sol commença d’y être exploité régulièrement : le cardinal Hippolyte d’Esté, élevé à la pourpre en 1538, édifiait aux portes de Tivoli la célèbre villa dans laquelle il tint une cour si brillante, où vécut le Tasse, où fut reçu Henri II. Pirro Ligorio, l’habile et perfide architecte antiquaire, celui que Jules III fit gouverneur de Tivoli, fut chargé de décorer cette riche demeure, et ce fut l’Adriana qui en fit les frais. En même temps qu’il en dressait un plan, corrigé plus tard par Piranesi, Ligorio la dépouillait d’un très grand nombre de statues. La villa d’Esté reçut ainsi l’Amazone, la Psyché, l’Eros bandant l’arc, plusieurs statues de rouge antique aujourd’hui au musée du Capitule. Au siècle suivant, les principales fouilles pratiquées à la villa Adriana furent celles de la famille Bulgarini, puis du cardinal Caniillo Massimo, qui recueillit à Canope beaucoup de statues égyptiennes en marbre noir passées plus tard entre les mains du marquis Caspio, ambassadeur de Portugal. Au xvin0 siècle, presque chaque année apporte son précieux tribut. Au lendemain des mémorables découvertes du cardinal Furietti, qui mettent au jour (1736) les deux Centaures, le Satyre de rouge antique et la célèbre mosaïque des Colombes, conservés aujourd’hui au musée du Capitole, les recherches du cardinal Albani donnent le prétendu Antinoüs (1738), l’Ephèbe au repos (1742), la prétendue Flore (1743), toutes statues maintenant conservées au même musée.

On pouvait croire que la villa Adriana avait épuisé ses trésors. Cependant Gavin Hamilton s’avisa, en 1769, d’y dessécher un petit marécage au lieu nommé Pontanello : il y trouva plus de soixante marbres sculptés, parmi lesquels des morceaux de premier ordre, par exemple une belle réplique, analogue à celle que possèdent le Louvre et Munich, de la statue nommée d’abord Cincinnatus, puis Jason, et qu’il faut reconnaître aujourd’hui pour un Hermès écoutant les ordres de Jupiter et s’apprêtant à obéir (Iliade). Le Paris, l’Antinoüs en costume égyptien, etc., furent comme l’Hermès acquis par lord Shelburne et firent partie de la collection de Lansdowne house. Gavin Hamilton continua, les années suivantes, ses recherches avec succès dans toute la campagne de Rome sur la Voie Appienne, à Roma Vecchia, à Prima Porta et jusqu’à Ostie. Les souverains étrangers donnaient l’exemple des gros achats d’antiques ; Catherine II faisait les siens par l’intermédiaire du sculpteur Cavacoppi. Les trois volumes