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avoir définitivement disparu ; mais avant que le produit net couvre une fraction importante des 22 millions de revenu qui ont été garantis au capital dépensé, il s’écoulera encore un temps considérable.

Enfin la dernière des compagnies garanties, la Franco-Algérienne a demandé à l’État, en 1894, près de 3 millions, dont plus d’un million pour couvrir les déficits d’exploitation. tandis que le produit brut atteignait à peine ce dernier chiffre. Ce produit ne manifeste aucune progression. La garantie due à cette compagnie, en vertu de contrats tous postérieurs à 1883, ne paraît pas présenter d’élémens sérieux d’atténuation.

Au total, les garanties algériennes ont augmenté de 14 millions dans les dix années qui viennent de s’écouler, et dépassent aujourd’hui 25 millions. Le développement du trafic peut faire espérer une diminution appréciable. Mais si l’on établissait, sous le régime de la garantie, les lignes de pénétration dont l’exécution est réclamée, sur Lalla-Maghnia vers l’Ouest, sur Laghouat et Ouargla dans le Sud, lignes qui absorberont un capital de 70 à 80 millions, il n’est pas douteux que la garantie, au lieu de décroître, continuerait à augmenter dans les prochains exercices.


Les concessions coloniales comprennent deux garanties d’intérêts incombant au budget métropolitain. Le chemin de fer de la Réunion, dont les recettes dépassent 1 million et couvrent à peu près les frais d’exploitation, donne lieu à une charge égale aux intérêts du capital dépensé, soit 1 million. Le chemin de fer de Dakar à Saint-Louis a un revenu garanti de 300 000 francs ; mais les recettes brutes ne sont que de 1 500 000 francs, tandis que les dépenses d’exploitation atteignent 2 400 000 francs, de sorte que la charge totale atteint 1 200 000 francs.


Au total, les réseaux secondaires français ou coloniaux, qui en 1884 n’entraînaient que 14 millions de charges, en imposent aujourd’hui 40 au budget. La progression, dans la période décennale, a été de 26 millions, approchant de celle des garanties d’intérêts des grandes compagnies. Mais les garanties des petits réseaux sont loin de présenter les mêmes chances de réduction que celles des grands réseaux, car les recettes n’ont nullement la même élasticité. Il est évident que des lignes qui. toutes ensemble, ont une recette brute de 48 millions, et une recette nette de 4 millions, n’arriveront jamais à couvrir un déficit de l’importance de celui que garantit l’État.

L’extension des réseaux d’intérêt local et des lignes