on voit qu’elles n’entrent presque pour rien dans les déficits de 1884. Nous avons expliqué que, sauf l’augmentation du dividende du Midi, représentant 2 500 000 francs, le revenu attribué aux actionnaires était sensiblement le même sous le nouveau régime que sous l’ancien. Le concours des compagnies à la construction du réseau qui venait de leur être concédé commençait seulement à fonctionner, et ne grevait encore l’exercice 1884 d’aucune charge d’intérêts. Les lignes antérieurement construites et cédées gratuitement par l’Etat, couvraient à peu près leurs frais d’exploitation ; l’Orléans, qui abandonnait des lignes meilleures que celles qu’il recevait, compensait la différence par une soulte entrant à l’actif des comptes de garantie. Deux compagnies seulement, celles du Nord et de Lyon, incorporaient dans le réseau garanti un ensemble de lignes secondaires rachetées à un prix assez, élevé, et qui dès lors ne couvraient pas leurs charges ; mais le Nord ne faisait pas appel à la garantie, et le déficit du réseau des Dombes, inférieur à 3 millions, était en partie compensé par la suppression de la concurrence que ce réseau avait fait jusque-là aux anciennes ligues de la compagnie de Lyon.
On n’aperçoit donc aucune charge nouvelle en rapport avec le brusque accroissement du déficit. On a prétendu que les compagnies, après avoir fait des économies excessives sous la menace du rachat, avant les conventions, s’étaient relâchées dans leur gestion, dès qu’elles avaient été sûres de l’avenir ; la courbe des dépenses montre, au contraire, un mouvement ascendant rapide jusqu’en 1883, et ensuite des économies considérables.
La vraie cause des déficits qui ont suivi les conventions, c’est la longue crise qu’ont traversée le commerce, l’agriculture et l’industrie. Si la chute a été si brusque en 1884, c’est qu’à cette cause, dont les effets devaient encore s’accentuer dans les exercices suivans, s’ajoutait un élément momentané de pertes sensibles, le choléra, éloignant du midi de la France tous les voyageurs qui n’y étaient pas appelés par des nécessités absolues.
Sous l’influence de la crise, et aussi d’un changement d’imputation de certaines dépenses dont nous parlerons tout à l’heure, la garantie monte à 72 millions en 1880, à 82 millions en 1886. Puis le mouvement descendant commence, avec la reprise des affaires ; les avances reviennent aux environs de 60 millions en 1887 et en 1888, puis de 50 millions en 1890 et en 1891[1]. Si ce progrès se fût continué, la situation actuelle ne serait pas mauvaise. Mais l’accroissement des dépenses d’exploitation reporte les déficits à 86, millions en 1892, à 97 millions en 1893 ; c’est cette
- ↑ Nous laissons de côté la baisse toute momentanée produite par l’Exposition, qui a réduit l’appel à la garantie, pour 1889, à 26 millions.