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leur exécution aux frais de la compagnie de l’Ouest ne grossira pas non plus la garantie d’intérêts.

En combien de temps les 40 millions d’annuités futures viendront-ils s’ajouter aux 25 millions dus pour 1894 ? Cela dépendra de la marche imprimée aux travaux. Cette marche est réglée par un article de la loi de finances, qui fixe, pour chaque année, le montant maximum des travaux neufs à exécuter sur les lignes concédées en 1883. Mais, jusqu’ici, cette limitation a été superflue, car l’administration est toujours restée au-dessous des autorisations de dépenses accordées par le Parlement ; l’écart a été, chaque année, d’une vingtaine de millions au moins. La dépense effective atteignait 106 millions en 1884, en raison du grand nombre de lignes entreprises dans les années précédentes ; elle a été ramenée aux environs de 120 millions de 1886 à 1889, et aux environs de 100 millions de 1890 à 1893.

Le nombre de kilomètres pour lesquels des crédits étaient prévus au budget, qui était de 3 400 au 1er janvier 1884, était descendu à 1 900 au 1er janvier 1892. Mais il a été considérablement augmenté en 1892 et 1893, en sorte que la longueur des lignes en construction était remontée à 2 550 kilomètres au 1er janvier 1894.

Cette augmentation n’a pas eu d’effet immédiat sur les dépenses de 1894, car les lignes nouvellement inscrites au budget n’entraînent que fort peu de frais dans les premières années. Les études et les enquêtes auxquelles donne lieu l’emplacement des stations, la rédaction des projets d’exécution, les formalités légales des acquisitions de terrains, prennent environ deux années, pendant lesquelles des crédits minimes suffisent. Mais sitôt les expropriations faites et les premières adjudications passées, il importe que les travaux soient poussés avec activité, car une fois les dépenses engagées, les intérêts des capitaux qu’elles absorbent constituent une charge sans compensation, tant que la ligne n’est pas ouverte à l’exploitation. L’inscription de nombreuses lignes nouvelles aux budgets de 1892 et de 1893 aurait donc entraîné une forte augmentation des dépenses des exercices suivans, si des mesures énergiques n’avaient été prises pour y obvier.

Déjà M. Viette avait réduit à 240 kilomètres les inscriptions nouvelles au budget de 1894, en reconnaissant la nécessité de restreindre l’étendue des chantiers. M. Jonnart ramena à 95 millions les dépenses effectives de l’exercice, en ajournant, pour en réviser les projets, les lignes trop onéreuses qui n’étaient pas commencées ; il proposa de réduire à 90 millions les dépenses autorisées pour 1895, et de ne doter au budget de cet exercice aucune ligne nouvelle. Non seulement ces propositions ont été