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LES CHEMINS DE FER
ET LE BUDGET

II.[1]
LES CHARGES DE L’ÉTAT EN 1894 VARIATIONS DEPUIS 1884 ET PERSPECTIVES D’AVENIR

Nous avons précédemment passé en revue les lois et conventions en vertu desquelles l’Etat a assumé une part notable des charges entraînées par l’établissement de notre réseau de chemins de fer. Il faut reconnaître que, pour les lignes à très faible trafic, surtout quand elles traversent des pays difficiles, où la construction est toujours coûteuse, cette intervention financière de l’Etat est une nécessité. Quand, dans un intérêt de solidarité nationale, les pouvoirs publics décident la construction d’une ligne qui ne doit pas rémunérer le capital qu’elle absorbera, même en tenant compte du trafic qu’elle procurera aux lignes auxquelles elle servira d’affluent, il faut bien que les contribuables couvrent le déficit, sous une forme ou sous une autre. À plus forte raison doit-il en être ainsi, pour les lignes construites dans un intérêt militaire, ou pour celles que l’on établit dans les pays neufs, en vue d’y développer la colonisation. Nous verrons d’ailleurs que, sans parler des bénéfices indirects dus au développement de la richesse générale, le Trésor public trouve une compensation partielle dans les recettes importantes qu’il tire directement des chemins de fer.

Ce n’est donc pas le principe même du concours de l’Etat

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1895.