de calamités est déposé (5 novembre). » Montalembert et Berryer votèrent également contre.
Il y avait en outre dans cette constitution un vice plus organique qui n’a pas été signalé. Elle instituait une république parlementaire ; or, République et parlementarisme s’excluent, car la condition du régime parlementaire, c’est l’irresponsabilité du chef de l’Etat, et sa responsabilité est de l’essence même du véritable régime républicain. Il était sans doute difficile de faire coexister un président responsable et une assemblée unique, moins cependant que de faire marcher d’accord deux responsabilités aussi exigeantes que celle d’un président et celle d’un conseil des ministres. Ceci explique pourquoi on n’établit pas le droit de dissolution. A qui l’eût-on confié ? Au président ? mais une dissolution exercée par un chef de gouvernement a toujours un faux air de coup d’Etat. Le droit de dissolution n’est salutaire que s’il est un attribut purement ministériel ; mais, dans ce cas, les ministres eussent annihilé le président en lui imposant, au nom de leur majorité, un appel à la nation. De toutes parts on se heurtait aux contradictions, aux incohérences, aux impossibilités. On n’avait pas même évité de placer au même moment le renouvellement de l’Assemblée et la réélection du président.
Les conservateurs monarchiques, appelés les hommes de la rue de Poitiers, du nom de la petite rue voisine du quai d’Orsay où se trouvait le local de leurs réunions, n’éprouvaient aucune sympathie pour le prince qui n’avait cessé de combattre leurs gouvernemens et d’en nier la légitimité. Ils ne voyaient en lui qu’une variante autoritaire du démocrate et même du socialiste. Ils avaient songé, au lendemain de la répression terrible de Juin, à se rallier au général Cavaignac, espérant que la nécessité l’amènerait à se livrer à eux. Le général s’y refusa ; on eût voulu qu’il rougît d’être le fils d’un conventionnel régicide ; il répondit qu’il en était fier. On avait espéré le tirer peu à peu hors de la République, il protesta qu’il tenait pour ennemi quiconque la combattrait. On l’abandonna. Le prince de Joinville devenu inéligible, on pensa au maréchal Bugeaud. Le maréchal eût accepté d’être le concurrent de Cavaignac, auquel il reprochait « une conduite sans franchise », mais quoique sa raison ne fût pas entièrement satisfaite par le choix du prince, préférant sa domination à celle de « l’infâme national », il refusa d’engager une lutte qu’il sentait d’ailleurs sans espoir. Restait Thiers qui, lui, s’offrait. Nul ne s’était autrefois prononcé plus catégoriquement contre la République. « On avait vu à l’épreuve, non seulement la république sanglante, mais la République clémente qui voulait être modérée : elle n’était arrivée qu’au mépris. Une république tournait