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LE PRINCE LOUIS-NAPOLÉON

II.[1]
L’ÉLECTION A LA PRÉSIDENCE


I

Jamais la cause des Bonaparte ne parut plus perdue qu’à la veille du jour où elle allait triompher.

De plus en plus convaincu de la solidité du gouvernement de Juillet, le dernier frère de l’empereur ne songeait qu’à s’arranger avec lui. Louis-Philippe ne se décidant pas, Jérôme, sur le conseil de son fils, saisit la Chambre des députés d’une demande, non d’abrogation générale de la loi de bannissement, mais d’abrogation partielle pour lui et ses enfans. Cela lui paraissait tout naturel, le prince Louis étant dans une situation exceptionnelle, et les fils de Lucien étant tous su jets et princes romains, longtemps même avant la chute de l’Empire[2]. Dans ces termes, la demande de Jérôme soulevait cependant une objection embarrassante que lui soumit Thiers : une loi d’exception en faveur d’un membre de la famille Bonaparte serait pour tous les autres un renouvellement de proscription. Thiers estimait encore que la demande avait été mal introduite, qu’elle devait être adressée au roi et non aux députés[3]. Lors de la discussion, le ministère, après avoir refusé formellement de présenter une loi, craignant une difficulté avec la Chambre,

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1895.
  2. Lettre de Jérôme à Piétri, du 11 juillet 1847.
  3. Thiers au roi Jérôme, juillet 1847.