Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être tristes, d’autant plus tristes qu’à en juger par l’abondance des Fougères dans les régions très humides, on peut croire que le climat des houillères était pluvieux : « Si par la pensée, a dit Saporta, on se transportait vers ces colonies verdoyantes, on verrait, en s’approchant, sortir des flots une rangée de collines d’un dessin peu hardi, voilées par une brume épaisse sous un ciel bas et lourd, déchiré çà et là par des écharpes de nuages et baigné par des averses fréquentes. » On peut conclure de tous les travaux des paléontologistes que, même à la fin des temps primaires, la végétation offrait encore un aspect absolument diffèrent de celui qu’elle présente aujourd’hui.

L’époque jurassique, qui forme le milieu de l’ère secondaire, semble avoir eu dans nos pays un climat presque aussi chaud que l’ère primaire, mais moins humide. Bien que la température n’ait pas sensiblement changé, le monde organique a subi de grandes mutations dont la cause réside sans doute dans une sphère plus haute que les phénomènes physiques. C’est alors que les Reptiles Dinosauriens ont vécu sur le nouveau et l’ancien continent.

Il est curieux d’étudier l’état de la végétation pendant l’existence de ces gigantesques et étranges créatures. On ne le connaissait guère avant les travaux de Saporta. Il n’a pas consacré moins de trois volumes de texte et trois volumes d’atlas à la description des végétaux jurassiques de notre pays. Il a trouvé dans le milieu du Secondaire quelques prêles gigantesques et des fougères en arbres qui rappellent, l’ère primaire ; cependant les plantes devenues dominantes sont les gymnospermes et non plus ces gymnospermes de caractères ambigus que lui et M. Marion ont appelés progymnospermes, mais de vrais gymnospermes cycadées et conifères. Pour se faire une idée des cycadées secondaires, il faut aller dans des serres considérer ces plantes qui avec des fruits de conifères ont le port des palmiers. Comme l’étude de leurs débris dans les terrains jurassiques est encore peu avancée et qu’on n’a pas rencontré d’individus entiers, Saporta a été obligé de décrire séparément leurs feuillages, leurs fruits et leurs tiges. Il a déterminé d’après les feuillages les genres Cycadites, Zamites, Otozamites ; d’après les organes sexuels les Zamiostrobus, les Cycadospadix ; d’après les tiges les Fittonia, les Cycadeomyelon, etc. Les Conifères sont très nombreuses ; il y a des Araucariées, des Salisburiées, des Pins, des Sequoia, des Thuyas. Encore aujourd’hui les arbres verts couvrent plusieurs de nos régions montagneuses. « Les Conifères, dit Saporta, ont la faculté de constituer de vastes associations, de s’étendre en prenant pos-