Le nouvel ouvrage de M. Chamberlain est avant tout un livre d’étrennes : je veux dire que les images y tiennent autant de place que le texte, et qu’il n’y a personne si ignorante des questions musicales qui ne puisse être assurée d’y prendre plaisir. Une vingtaine de portraits de Richard Wagner, presque tous inédits, et datant des époques diverses de sa vie, nous font assister aux transformations successives d’une physionomie toujours étrangement volontaire et sensu elle, mais dont la véritable beauté ne pouvait manquer, hélas ! d’échapper aux photographes, et aux peintres eux-mêmes : car elle résultait moins de la forme des traits que de leur mouvement, et de l’infinie variété de leur expression. À ces traits d’abord un peu durs, et d’un dessin trop marqué, l’âge, cependant, et la préoccupation constante du beau, avaient fini par donner une harmonie pleine de grâce et de majesté. Que l’on compare, à ce point de vue, dans le livre de M. Chamberlain, la photographie faite en 1883, quelques semaines avant la mort de Wagner, avec le portrait que peignit de lui M. Lenbach en 1874. C’est bien toujours le même visage aux arêtes accentuées, avec son grand nez impérieux, ses lèvres fines, et son menton en saillie : mais quelques années ont suffi pour le transfigurer. Toutes les lignes se sont
- ↑ L’article de M. Chamberlain paru dans la Revue du 15 octobre 1895 était un des chapitres du livre que nous résumons dans les pages qui suivent.