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blennorrhagique, scarlatin, typhique, dysentérique, grippal, le rhumatisme articulaire, observé dans ces diverses infections, n’est qu’une fonction quelconque de leur agent pathogène. Et comme il en est vraisemblablement de même de la plupart des cas de rhumatisme articulaire aigu, on est logiquement amené à restreindre de plus en plus le territoire traditionnel de cette affection, en attendant sa très prochaine relégation au rang de symptôme secondaire d’une maladie infectieuse déterminée, mais variable. Par-là s’explique, avec une lumineuse évidence, la dissémination du rhumatisme articulaire sous toutes les latitudes et dans toutes les saisons, ainsi que son apparition chez les individus, les plus opposés de tempérament et d’aptitudes héréditaires ; conditions qui, depuis longtemps, auraient dû rendre suspect l’exclusivisme absolu de l’interprétation diathésique, dont la tradition nous imposait le joug.

Plus ou moins adaptée à l’un quelconque des quatre principaux modèles que nous venons d’esquisser, l’influenza se signale, à un très haut degré, par la variété infinie des symptômes accessoires des cas particuliers. Très petit est le nombre des malades ayant le droit de prétendre, sans restriction, au même historique collectif. Chacun réagissant à sa façon, au hasard de ses prédispositions natives ou des influences pathologiques régnantes, peut émerger, par quelque trait distinct, de la foule banale des grippés. À cette catégorie d’un intérêt réel, quoique relatif, se rapportent : les éruptions éphémères du début, qui laissent en suspens la possibilité d’une rougeole ou d’une scarlatine mal réglées et d’autant plus à craindre ; la miliaire, caractéristique d’une crise sudorale ; l’herpès des lèvres ou de la face, coïncidant avec une rémission thermique inopinée ; les otites secondaires par invasion streptococcienne ; les abcès superficiels, d’apparence kystique, résultat de la pénétration du staphylocoque à travers les orifices glandulaires de la peau ; les hémorrhagies du nez, de la bouche ou des bronches ; les stomatites et les angines, aux symptômes variables comme leur origine microbienne ; et tant d’autres manifestations individuelles, dont la seule valeur pathogénique est de multiplier, à l’infini, les preuves cliniques de l’étonnant polymorphisme des évolutions grippales.

Les suites de l’influenza sont, on le sait, toujours pénibles et souvent prolongées. Légère ou grave, la maladie a pour règle absolue de laisser de son passage des traces plus ou moins durables. Il est peu d’affections dont la convalescence soit aussi traînante. À cette période de bien-être, où, comme dans un