Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/775

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et chacune des deux autres en aura un, parce que 750 et 700, bien qu’inférieurs au quotient 1000, sont supérieurs à 550, fraction qui reste à la première liste. Vainement elle aura réuni un nombre de voix plus que double ; il ne lui servira de rien ; en fait, son représentant sera élu, avec 1550 voix, mais les députés de la deuxième et de la troisième liste le seront, eux aussi, l’un par 750, l’autre par 700 voix. 1 000 n’est donc plus que le quotient théorique : le quotient réel et effectif est seulement de 750 pour le deuxième siège et de 700 pour le troisième.

Eh bien, au lieu de ces mesures diverses, de ce chiffre d’élection trop élastique, de ce mètre électoral qui s’allonge et se raccourcit, ce qu’il faut trouver, c’est une commune mesure, un chiffre répartiteur invariable, un mètre électoral fixe comme le mètre de longueur, et qui soit le même pour toutes les listes et tous les sièges, pour tous les candidats et tous les partis. Encore plus, toujours plus de vérité et de justice ! encore et toujours plus d’arithmétique ! Ce mètre électoral d’un inaltérable métal, cette mesure unique et égale pour tous, on les déterminera en divisant le nombre de voix qu’ont respectivement obtenu les différentes listes par 1, 2, 3, 4 et ainsi de suite ; en comparant les quotiens donnés et en les rangeant selon l’ordre de leur importance. Le quotient qui occupe le rang correspondant au nombre des sièges est le chiffre diviseur ou répartiteur.

Reprenons nos trois listes de 1550, 750 et 700 voix. Les quotiens seront :

en divisant par 1 = 1 550, 750, 700 ;
en divisant par 2 = 775, 375, 350.

Il y a trois sièges à pourvoir : les quotiens rangés selon l’ordre de leur importance, 1550, 775, 750, c’est le troisième ou 750, qui sera le chiffre répartiteur ; 750 est contenu deux fois dans 1550 : la première liste aura donc deux représentans ; une fois dans 750 : le deuxième parti aura le troisième siège ; quant à la troisième liste, qui n’atteint pas le chiffre répartiteur, elle sera exclue de la répartition. De même pour cinq sièges, sept sièges, dix sièges, etc.

Trouver le diviseur commun et s’en servir comme de chiffre répartiteur, tel est le fond du système de M. d’Hondt, le plus parfait ou le plus voisin de la perfection mathématique de tous les systèmes connus de représentation proportionnelle, — et l’on sait si nous en manquons ! et si, depuis un demi-siècle qu’il en fut question pour la première fois, la naturelle curiosité de l’esprit humain s’y est donné libre carrière, toute fantaisie débridée, en prenant à son aise, avec ce grand problème de la politique, ni plus ni moins qu’avec de petits jeux de société !

Tous ces systèmes de représentation proportionnelle, nous les