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candidats qui ont obtenu le plus de voix, si le parti a droit à quatre sièges ; celui qui a obtenu le plus de voix si le parti n’a droit qu’à un siège seulement.

Dans ce système, donc, l’électeur, en votant, vote, à la fois et d’un coup, pour une liste à qui sa voix sera comptée quand on répartira les sièges entre les listes, et pour un, deux ou plusieurs candidats, à qui sa voix sera comptée quand on répartira les sièges entre les candidats portés sur chaque liste. Il exprime en même temps et ses préférences de parti, puisqu’il donne sa voix à telle liste, et ses préférences personnelles, puisqu’il donne sa voix à tels et tels candidats de la liste, sans être forcé de la donner à tous ; puisqu’il peut même, comme disent les Belges et les Genevois, panacher, ou voter pour un ou plusieurs candidats qui ne sont pas de sa liste, ou qui ne sont d’aucune liste, sans craindre de nuire à son parti dans la répartition des sièges, le vote de parti étant, quoique simultané, distinct, en ce procédé, du vote personnel. C’est, à la fois et d’un coup, le vote de parti et le vote personnel : c’est « le double vote simultané » dans « la concurrence des listes ».


4o Diviseur commun. Chiffre répartiteur.

Mais il est possible et il est fréquent que la somme des voix obtenues ne soit pas exactement divisible par le quotient ou chiffre d’élection, qu’il y ait un excédent et qu’un ou plusieurs sièges demeurent non pourvus. À qui et comment les donner ? Au bénéfice de l’âge ? au sort ? au parti le plus favorisé ? au parti le moins favorisé ? à la liste qui a le plus fort total ? à celle qui a le plus fort reste ? Ce sont là des expédiens qui s’éloignent fort de la justice et de la vérité rêvées ; qui font, au dernier pas, retomber dans le relatif, dans le contingent, dans l’empirisme, dans l’arbitraire que l’on fuyait, et dont certains ne constituent guère moins qu’une contradiction avec le principe même de la représentation proportionnelle. Il doit donc y avoir une vérité plus vraie, une justice plus juste, un procédé plus mathématique que le procédé du quotient, qui permette ou de faire disparaître l’excédent ou de l’abaisser au minimum. Oui, a répondu M. d’Hondt, un professeur de l’université de Gand, il existe, en effet, ce procédé plus mathématique : au lieu du simple quotient, cherchons le commun diviseur.

Et il a cherché le commun diviseur. Soit, disait-il, une élection pour trois députés avec trois listes qui recueillent l’une 1550 l’autre 750, la troisième 700 voix (en tout 3 000). Si l’on s’en tient au système du quotient, la première liste n’aura qu’un député, parce que le quotient 1 000 n’est contenu qu’une fois dans 1 550,