letto crie : « Attendez, j’en retrouve encore d’autres. Un samedi, après l’heure de nones, je fis balayer la maison par mon valet, sans aucun respect pour la sainteté du dimanche. — Ce n’est rien », réplique le moine. Et c’est alors au pénitent de parler sévèrement. « Ne dites pas que ce n’est rien, car le dimanche est un jour trop vénérable, étant celui où Notre-Seigneur ressuscita de la mort à la vie ! » Une fois aussi, il a craché dans une église. Le frère sourit : « Mon fils, n’en parlez pas ; nous, qui sommes des religieux, nous crachons à l’église toute la journée. » Alors les rôles se renversent tout à fait : le vieil aigrefin florentin se fâche et gronde pour de bon son père spirituel : « Et vous faites grande vilenie, car on ne doit tenir aucun lieu plus net que le temple sacré où s’offre le divin sacrifice. » Puis, nouveaux soupirs, larmes et signes d’angoisse. Il reste un dernier péché, accroupi dans un recoin perdu de sa conscience, un péché si affreux qu’il n’a jamais osé le confesser, et qu’il n’est pas possible que Dieu le lui pardonne. Le moine a recours, pour calmer cette âme souffrante, aux plus généreuses espérances de sa théologie : un tel repentir ne suffirait-il point pour effacer en une seule âme tous les péchés du genre humain ? Mais Ciappelletto ne veut pas être consolé. Il ne cédera qu’à la promesse d’être aidé par les prières incessantes du saint homme. Enfin, il dévoile la faute dans toute son horreur : étant tout petit, il a dit un gros mot à sa mère, « à sa douce mère qui l’a porté neuf mois dans son sein et plus de cent fois à son cou ! » Enfin, voilà notre drôle absous et béni : on lui apportera tout à l’heure le saint viatique et l’extrême-onction. Derrière la porte, les deux usuriers, ses hôtes, s’émerveillaient d’une si superbe impudence que les approches de la mort et du jugement de Dieu ne parvenaient point à troubler. Ciappelletto, après avoir reçu les derniers sacremens, mourut vers le soir. Et ici la comédie — j’avoue qu’elle est d’une couleur un peu lugubre — fait un tour nouveau et nous donne son acte le plus inattendu et le plus plaisant.
Le confesseur est persuadé qu’un saint vient de quitter cette vallée de larmes. Avant de quitter le mourant, il a obtenu de lui une demande de sépulture au cloître de son couvent. D’accord avec le prieur, il fait « sonner au chapitre », et devant la communauté réunie, il ouvre son cœur. Dieu fera sans doute beaucoup de miracles dus à l’intercession de ce grand mort, et il convient de recevoir ses reliques par la plus démonstrative dévotion. Le soir même, les bons moines firent, autour de Ser Ciappelletto, « une vigile solennelle, » et, le lendemain matin, tous les frères en surplis et en chapes, le bréviaire à la main, précédés de la