Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/548

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enveloppes par jour, soit 240 millions par an. D’autres usines assemblent elles-mêmes leurs feuilles en registres, carnets, agendas, copies de lettres, etc., et s’annexent à cet effet des ateliers multiples pour le foliotage, l’impression, la confection de la tranche, la garniture, l’endossure. Les papeteries coopératives d’Angoulême sont entrées largement dans cette voie ; elles ont eu pour alliés les magasins de nouveautés, certains grands bazars, et cette rencontre a eu pour résultat un sérieux abaissement des prix. Le rayon de papeterie du Bon Marché, qui fait un million d’affaires environ par an, a dû longtemps s’approvisionner en Angleterre. Depuis 1882, il n’achète plus outre-Manche qu’une dizaine de mille francs de marchandises. Ce n’est pas seulement le droit de douane de 30 centimes par kilo qui a fait délaisser les papiers anglais, c’est surtout l’adresse des fabriques françaises à perfectionner le type simili-britannique d’un papier à lettres courant, dont la ramette est aujourd’hui descendue à 0 fr. 65. Or le poids de ces ramettes est de 380 grammes, et le fabricant les vend sur la base de 125 francs les 100 kilos. La marge est donc ici sensiblement réduite entre les prix de gros et ceux de détail.

Le chiffre de 125 francs, pour des feuilles prêtes à accueillir l’encre de nos plumes, correspond à un chiffre naturellement inférieur pour le papier brut. Celui-ci ne saurait déjà plus se composer exclusivement de chiffons. A mesure que le prix baisse, il en contient de moins en moins. Un type semblable à celui sur lequel sont imprimées ces lignes, coûtant 70 francs le quintal, est le résultat d’un mélange d’alfa et de chiffons avec la pâte de bois chimique. Les cartes postales, fournies au gouvernement par la maison Didot, à raison de 52 francs le quintal, ont à peu près la même constitution ; le bois mécanique en est sévèrement proscrit. Les sortes pour éditions ordinaires descendent beaucoup plus bas. D’après les résultats de la dernière adjudication l’Imprimerie nationale, qui emploie deux catégories de papiers, paie la première 50 à 80 francs en pâtes de chiffons ou de matières textiles et filamenteuses ; la seconde, celle des pâtes de bois ou de matières minérales, lui coûte 36 à 45 francs les 100 kilos.

Parmi les frais de confection d’un livre, le papier n’entre que pour une somme insignifiante. Sur les 3 fr. 50 que l’on cote le volume du format in-18 le plus usité, le papier absorbe seulement 0 fr. 25. Pour les journaux, le prix est moindre encore : le Petit Journal ou le Figaro s’impriment sur du papier à 35 francs les 100 kilos ; c’est dire que le numéro du premier, pesant 24 grammes, revient aux quatre cinquièmes d’un centime, et que le numéro