Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/525

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

VII.[1]
LE PAPIER

Semblables à l’enfant qui parle avant d’écrire, les hommes primitifs inventèrent le langage avant l’écriture. Après avoir réussi à communiquer leurs idées par ces sons compliqués que nous appelons des « mots », ils conçurent l’art merveilleux de peindre ces sons eux-mêmes avec des signes. Et comme ils étaient loin d’avoir « tout ce qu’il faut pour écrire » les anciens à la mode des gamins d’aujourd’hui qui gravent avec un canif leurs impressions sur nos murs, se servirent de clous en guise de plumes et de briques en guise de papier. Il fallait, avec ce système, beaucoup de temps pour rédiger une phrase, beaucoup d’espace surtout, — la matière d’une page in-octavo couvrait environ vingt-cinq mètres de muraille, — mais les bibliothèques étaient solides ; retrouvés au bout de quatre mille ans, les ouvrages sont encore lisibles.

Ce fut la période cunéiforme ; elle dura jusqu’à la découverte, aux bords du Nil, du procédé de compression et de feutrage des pellicules d’une plante locale, le papyrus. Le papyrus subsista jusque dans les premiers siècles de notre ère, coûtant très cher, —

  1. Voyez la Revue des 15 juillet et 1er octobre 1894, 1er janvier, 15 mars, 15 juin et 15 septembre 1895.