— fort heureusement — de se procurer d’une manière périodique, à époque fixe, des quantités importantes de sauterelles. Les invasions de ces insectes n’ont pas lieu tous les ans, et, pour en obtenir, il devait traiter avec des commerçans indigènes de l’extrême sud. C’était une question qui demandait à être réglée sur place par les intéressés eux-mêmes, et à laquelle l’Etat ne devait qu’un secours moral.
Pouvait-on utiliser les sauterelles ou criquets comme engrais ? Cela est certain, si l’on s’en rapporte aux analyses faites par les chimistes, Lallemand, docteur Jaillard, Münlz, Dugast, Dessoliers, etc. ; en effet toutes ces analyses révèlent la présence d’une notable proportion d’azote et de quantités très sensibles d’acide phosphorique et de potasse (à l’état sec, 11 à 12 pour 100 d’azote ; 1,70 à 2 pour 100 d’acide phosphorique). M. Dessoliers, joignant la théorie à la pratique, a expérimenté dans sa propriété de Ténès soit les sauterelles desséchées seules, soit des mélanges de sauterelles et de superphosphates qui lui ont donné, comparativement aux champs voisins cultivés sans engrais, des accroissemens de récolte de céréales très importans. S’il ne peut y avoir de doute sur les bons effets obtenus par l’emploi des sauterelles comme produit fertilisant, il y a des considérations d’ordre économique qui en restreignent l’usage. Heureusement pour l’Algérie, il n’y a pas d’invasions régulières qui puissent fournir à point nommé la matière première, et d’autre part, si l’on donne une valeur aux sauterelles, on sera bien obligé de les payer ; il faudra ensuite tenir compte des frais de manutention et de transport ; de telle sorte que, tout compte fait, ce nouvel engrais pourrait bien coûter autant, si ce n’est plus, que celui fourni par l’industrie.
Les acridiens ne pouvaient échapper à cette loi générale qui veut que tout être vivant, le plus gros comme le plus infime, ait son parasite. Celui des sauterelles ne se borne pas toujours à tirer de sa victime une substance qui le nourrisse, il cause ordinairement la mort de celui qui longtemps l’a fait vivre. Les sauterelles ont plusieurs de ces parasites mortels, et il est permis de regretter qu’elles n’en aient pas un plus grand nombre. Ce sera grâce aux patientes recherches de M. Künckel que nous pourrons citer ceux qui, indépendamment des alouettes et des étourneaux, — grands destructeurs des œufs des stauronotes marocains, — diminuent le nombre des ennemis les plus acharnés de l’agriculture algérienne.
En 1891, le naturaliste s’attacha à rechercher si les