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LE JOURNAL DE ROME

Ce n’est pas la première fois que la Revue des Deux Mondes s’occupe du sujet que j’étudie. En 1838, J.-V. Leclerc, réunissant deux savans mémoires qu’il avait lus à l’Académie des Inscriptions, donna à l’ensemble le titre de celui des deux qui lui paraissait le plus piquant et l’appela : Les Journaux chez les Romains. Ce titre allécha Sainte-Beuve, toujours à l’affût de nouveautés. Il lut avidement le livre, et, suivant son habitude, dit aux lecteurs de la Revue ce qu’il en pensait[1]. Il laissa entrevoir que son attente avait été un peu trompée, et n’ayant pas grand’chose à dire de l’ouvrage lui-même, il se tira d’affaire en parlant de la presse en général.

Il faut bien avouer que le titre promettait plus que la réalité ne pouvait donner. Sans doute il y a eu des journaux chez les Romains, mais en si petit nombre et si mal connus que l’histoire en est très vite racontée. La question ne reprend son importance qu’à la condition de l’étendre et de la poser autrement que n’avait fait Leclerc.

Quand nous étudions les sociétés antiques, nous sommes ravis de constater que par certains côtés elles nous ressemblent. C’est ce qui établit une sorte de rapprochement sympathique entre les siècles passés et le nôtre : nous nous attachons plus étroitement à des hommes qui sont semblables à nous ; nous avons plus de plaisir à les fréquenter, et nous les comprenons mieux en les expliquant par nous-mêmes. Mais il nous est impossible de ne pas voir que par beaucoup d’autres endroits nous différons d’eux,

  1. Voyez la Revue du 1er  décembre 1839.