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un plancher de bois. Les fosses du cimetière athénien sont moins creuses et moins grandes que celles où ont été ensevelis les prédécesseurs des Atrides ; le fond n’en était guère qu’à deux mètres au-dessous du sol, et les dimensions moyennes de ces cuves ne dépassent guère 2m, 50 de long sur 1m, 50 de large. Cette différence s’explique : la tombe mycénienne était une tombe de famille ; la tombe du Dipylon n’a guère reçu qu’un seul cadavre. La tombe attique est donc plus modeste et plus exiguë que celle de Mycènes ; mais, à cela près, elle témoigne des mêmes préoccupations et des mêmes croyances. Des sacrifices paraissent avoir été offerts au mort avant l’ensevelissement. On trouve ici des cendres et des os d’animaux, soit dans la terre qui remplit la fosse, soit dans des assiettes où étaient des mets préparés pour l’habitant de la tombe. Divers liquides, du lait ou de la bouillie, devaient avoir été versés dans des vases communs, lourds de forme et sans ornement, dont le fond est encore tout noir de fumée ; avant de descendre dans la tombe, ces vaisseaux avaient fait sur l’âtre de la maison un long séjour. Les hydries ou aiguières qui ont été rencontrées dans plusieurs de ces tombeaux sont au contraire des pièces très soignées, d’un galbe assez élégant et décorées de peintures ; elles renfermaient l’eau pour la boisson et pour les ablutions.

Toute cette vaisselle était disposée comme si le maître de cette demeure avait dû vraiment en faire usage. Près des vases qui contenaient les boissons, il y avait des coupes et des tasses de diverses grandeurs, et dans le col de l’hydrie était cachée une sorte de cuiller qui servirait à y puiser le liquide dont était plein le grand récipient. Les aryballes étaient remplis d’huiles parfumées ; un d’eux avait encore, quand on l’a ramassé, son bouchon d’argile.

Le mort était paré de bijoux qui étaient semblables à ceux qu’il avait portés pendant sa vie, mais plus minces, d’un moindre poids. Si c’était un homme, il avait au côté, suspendue par un baudrier, son épée de fer, et, sous la main, ses poignards et ses deux lances. Si c’était une femme, près d’elle étaient déposées les boîtes, ornées d’appliques en os ou en ivoire, où elle serrait jadis ses joyaux et ses objets de toilette. Dans une tombe d’enfant, on a recueilli, avec des vases de dimensions minuscules, un petit cheval de terre cuite. L’objet porte des marques d’usure.

On ne retire pas de ces sépultures les statuettes de terre cuite, grossières images d’une divinité protectrice des morts, qui abondent dans les tombes de l’âge mycénien ; mais une au moins de