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LA RELIGON DE LA MORT
ET LES
RITES FUNERAIRES EN GRECE
INHUMATION ET INCINERATION


I

On sait l’erreur où ont vécu, jusqu’à ces dernières années, les historiens de l’antiquité les mieux informés même et les plus pénétrans, erreur qu’ils avaient héritée des écrivains de la Grèce et de Rome : les modernes comme les anciens se figuraient que l’épopée homérique renfermait les plus anciens souvenirs qui fussent restés à la Grèce de son passé ; que, sur le sol de la Grèce, il ne subsistait pas de monumens qui fussent antérieurs à l’âge d’Homère ; enfin qu’aucune voie ne s’ouvrait ni ne s’ouvrirait jamais qui permît de remonter au-delà des conceptions et des croyances, des rites et des usages que nous révèlent et que nous peignent, chez les ancêtres des Grecs de l’histoire, l’Iliade et l’Odyssée. Les découvertes de Schliemann et de ses émules, dont les premières ne datent que d’un quart de siècle, ont dissipé cette illusion. Des tranchées que la pioche de leurs ouvriers a creusées sur les emplacemens de Troie, d’Ialysos, de Mycènes, de Tirynthe, d’Orchomène et d’Amyclées, pour ne rappeler ici que les sites qui ont été le plus productifs, il est sorti toute une Grèce préhistorique et préhomérique, dont la mémoire vivait encore, très vague, très déformée par les caprices de la transmission orale et par le travail de l’imagination, chez les chanteurs épiques, mais