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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 septembre.


Le nouveau ministère anglais a fait sa première apparition devant le parlement. La session qui vient d’avoir lieu, et qui était tout à fait insolite à ce moment de l’année, ne pouvait pas se prolonger longtemps : elle n’a pas, en effet, duré tout un mois. On ne s’attendait pas à ce qu’elle fût très abondante en réformes. Ce ne pouvait être en réalité qu’une session blanche : tout au plus pouvait-on, de part et d’autre, s’y tâter et s’y reconnaître. La surprise aurait été grande si lord Salisbury avait exposé un véritable programme de gouvernement. C’est à la rentrée seulement qu’il aura pu arrêter ses projets de politique intérieure et qu’il les fera connaître aux Chambres. Il serait bien difficile, ou pour mieux dire impossible d’en discerner quoi que ce soit à travers le mutisme du discours du trône. Lord Salisbury, dans le langage qu’il a prêté à la reine, a parlé de plusieurs questions pendantes au dehors, notamment de la question arménienne ; mais en ce qui concerne les affaires intérieures, il s’est retranché dans une réserve absolue. Si les mœurs parlementaires de nos voisins avaient ressemblé aux nôtres, on n’aurait pas manqué, dès l’ouverture de la session, de harceler le gouvernement de questions et d’interpellations portant sur tous les détails de sa politique future, et il est probable que les plus insignifiantes auraient pris le plus de temps et auraient provoqué le plus de passions. Mais la Tamise et la Seine coulent en sens inverse l’une de l’autre. Les habitudes des deux parlemens sont tout à fait op-