297 d’après Duvillard, 390 d’après Deparcieux, 362 d’après Kerseboom, 592 d’après Finlaison, etc. Soit que leurs observations n’eussent pas porté sur un assez grand nombre de têtes, soit qu’elles n’eussent pas été suivies pendant une période assez étendue, les constructeurs de tables se montrèrent optimistes ou pessimistes à l’excès. Les uns, comme Duvillard, favorables à la vieillesse, lui concédaient une faculté de résistance démentie par la réalité, tandis qu’ils avaient fait à l’âge mûr la part trop exiguë ; les autres, comme Deparcieux, nous laissaient subsister avec trop d’indulgence jusqu’à la soixantième année, pour nous faucher, à partir de cet âge, avec une rigueur plus impitoyable que la nature. Au point de vue des compagnies qui font à la fois des assurances en cas de vie et en cas de mort, il pouvait sembler indifférent que la table indiquât, pour certaines périodes, une mortalité trop forte ou trop faible ; ce qu’elles recevaient en moins dans une branche, elles le percevaient en plus dans une autre. Encore faut-il admettre que les deux branches se balancent, ce qui n’est presque le cas nulle part. Les caprices des épidémies auraient du reste pour résultat de déranger souvent cet équilibre : l’influenza de 1889 éprouva beaucoup les sociétés d’assurances, parce qu’elle s’attaqua plus spécialement aux hommes de 30 à 50 ans et qu’elle épargna les vieillards. Les capitaux qu’il fallut débourser durant cet exercice ne furent donc pas compensés par une extinction proportionnelle de rentes viagères.
Quoiqu’elles eussent corrigé les défauts les plus choquans des instrumens dont elles continuaient de se servir, et qui remontaient à un siècle et davantage, nos compagnies françaises ne pouvaient ignorer que ces tables, dites « rapides » parce qu’elles exagéraient la brièveté de notre existence, n’étaient pas conformes à la mortalité effective. Le simple rapprochement annuel des décès survenus dans leur clientèle avec le nombre de ceux qui, d’après la prévision des tables, auraient dû se produire, le leur révélait suffisamment. Du chef seul de cette erreur résultait pour les assureurs un bénéfice important, puisque les primes payées d’après des tarifs erronés dépassaient les risques à couvrir. Il n’est que juste d’ajouter que, depuis un bon nombre d’années, ce gain imprévu était partagé avec les assurés sous forme de participation aux bénéfices.
Cette espèce de remboursement ne remédiait pas, toutefois, aux inconvéniens du système. Les frais généraux étaient mal répartis entre les « jeunes têtes, » qui payaient trop, et les « têtes âgées, » qui ne portaient pas leur juste poids de ces dépenses accessoires que l’on nomme le « chargement ». Nos quatre principales compagnies ont récemment adopté une table nouvelle,