de Rome, dont il avait été presque le fondateur, Auguste Geffroy était aussi l’un des plus anciens et des plus fidèles collaborateurs de cette Revue. Comme il venait à peine de quitter Rome quand il est*mort, c’est le directeur de l’École française que l’on a loué surtout en lui, et avec raison, si, de l’une de ces Écoles dont les élèves sont déjà des maîtres, il avait su faire non seulement tout ce que l’on avait souhaité qu’elle devînt, mais quelque chose encore de plus : nous voulons dire un vrai centre d’influence française à Rome. C’est pourquoi ce ne sont pas seulement ses élèves qui lui ont rendu publiquement témoignage, mais il ne laissera pas moins de regrets dans cette société romaine où ses qualités personnelles de, tact et de courtoisie étaient aussi appréciées que sa science ; et aucun Français, depuis 1875, n’a franchi le seuil du palais Farnèse sans en rapporter des souvenirs qui font pour lui d’une perte publique un chagrin et un deuil privés.
Mais c’est l’écrivain qui nous appartient ici d’une façon plus particulière, ayant commencé de collaborer à la Revue voilà plus de quarante ans maintenant écoulés. Pour ses débuts, il s’était emparé d’un vaste domaine qu’aucun Français, avant ni depuis lui, n’a peut-être exploré plus consciencieusement ni mieux connu que lui : c’est le domaine Scandinave. À peine sortant de l’École normale, il lui avait semblé que, dans le grand partage qui s’était fait des études historiques, si l’érudition française n’avait pas mesuré leur part à l’Angleterre et à l’Allemagne, à l’Espagne et à l’Italie, elle avait peut-être un peu négligé la Suède et le Danemark ; — et pourtant que de liaisons leur histoire n’avait-elle pas eues jadis avec la nôtre ! C’est ce que l’on put voir dans les belles études qu’il nous donna de 1850 à 1865, — archéologiques et historiques, littéraires et politiques, — dont on fut unanime à reconnaître l’intérêt, mais dont on ne comprit pas ou dont on affecta de ne pas comprendre les avertissemens prophétiques. Les savantes Introductions qu’il a mises aux recueils des Instructions diplomatiques données à nos ministres en Suède et en Danemark résument cette partie de son œuvre.
Une autre partie n’en est pas moins intéressante et n’a pas été moins remarquée : c’est celle qu’il a consacrée à la discussion, si délicate et si difficile, de l’authenticité des Lettres de Marie-Antoinette et de la Correspondance de Mme de Maintenon. Et, en effet, on ne saurait faire preuve ni de plus de courtoisie dans la discussion ; ni d’une connaissance plus précise et plus étendue, plus scientifique et plus intime de l’histoire d’un temps ; ni de plus de rigueur et d’ingéniosité dans la méthode. Deux grandes publications sont encore sorties de là : un Choix des Lettres de Mme de Maintenon, qui nous la montre dans la vérité de son rôle historique, infiniment moins considérable et surtout moins actif que ne persistent à le croire quelques historiens dont la manie est de voir partout des « histoires de femmes » ; et