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l’extrême importance que présente le choix des variétés, puisqu’il avait suffi de substituer aux pommes de terre plantées habituellement les tubercules de Richter pour augmenter la récolte dans d’énormes proportions. Depuis cinq ou six ans on s’est engagé dans la voie si heureusement ouverte, et de nombreuses variétés nouvelles ont été mises à l’étude ; on a recommandé notamment : Chancelier de l’Empire, Géante sans pareille, Géante bleue, Tsarine ; nous les avons nous-même cultivées au champ d’expériences de Grignon, et bien que quelques-unes soient recommandables, soit par l’abondance de leur production à l’hectare, soit par leur teneur en fécule, aucune ne s’est montrée nettement supérieure à la Richter, qui reste la grande favorite, bien qu’on lui reproche de ne pas se conserver pendant l’hiver aussi longtemps qu’il serait désirable.

M. Aimé Girard ne s’est pas borné du reste à préconiser cette variété prolifique, il a en outre donné des indications très précises sur les méthodes de culture a employer pour en obtenir le maximum de produit[1]. La nature du terrain paraît indifférente : on atteint les hauts rendemens aussi bien dans les terres légères que dans les terres fortes ; les sols fertiles donnent naturellement des récoltes plus abondantes que les terrains ingrats, mais sur ceux-ci cependant la culture est encore profitable. La profondeur du labour exerce en revanche une influence décisive : il faut, toutes les fois que cela est possible, remuer de 25 à 30 centimètres de terre ; aussitôt qu’on se borne à des labours superficiels de 10 centimètres, la récolte baisse. Tandis que sur les anciennes variétés peu prolifiques les copieuses fumures n’exerçaient pus d’action bien sensible, la Richter, au contraire, bénéficie des engrais qui lui sont distribués : c’est en enfouissant à l’hectare de 20 à 25 000 kilos de fumier de ferme, 200 kilos de nitrate de soude, autant de sulfate de potasse et 400 kilos de superphosphate, qu’on obtient les rendemens les plus élevés. M. Aimé Girard se garde bien cependant de vouloir imposer une formule générale applicable partout et toujours ; il sait que l’engrais n’est efficace qu’autant qu’il apporte au sol un élément qui lui fait défaut, et que par suite la composition de la fumure doit varier avec la nature du sol auquel elle est destinée.

La terre est labourée, les engrais enfouis, la variété choisie, il faut procéder à la plantation, et ici encore le mode d’opérer est

  1. On trouvera ces indications dans l’ouvrage : Recherches sur la culture de la pomme de terre industrielle et fourragère, chez Gauthier-Villars ; dans divers journaux agricoles en 1890 et 1891 : et notamment dans le tome XVI des Annales agronomiques, p. 145 et 529.