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appropriés, on réussit à augmenter le poids de matière végétale élaborée à l’hectare, travail du sol et engrais ont beaucoup moins d’action sur la composition de la récolte obtenue : cette composition est au contraire étroitement liée à la nature de la variété employée.

La supériorité des résultats constatés en Allemagne était-elle due à des conditions météorologiques plus favorables que celles que présente notre climat ? ou bien devait-on l’attribuer surtout au choix des variétés plantées ? Pour le savoir, M. Girard a introduit d’Allemagne des semenceaux de plusieurs variétés considérées comme les plus favorables à une forte production de fécule à l’hectare ; ces essais commencés en 1884, puis poursuivis pendant les années suivantes sur les variétés : Richter’s Imperator, Gelbe Rose, Hermann et Magnum Bonum, fournirent des rendemens plus élevés à l’hectare, des tubercules plus riches que ceux qu’on obtient habituellement de l’autre côté du Rhin ; ce qui montrait tout d’abord que notre climat n’oppose aucun obstacle à la culture de variétés plus prolifiques que celles qu’on plantait d’ordinaire.

En 1888, les résultats devinrent décisifs. Pour être certain de ne laisser échapper aucune chance de succès, 22 variétés furent mises en comparaison, et tandis que la variété Chardon, très répandue en France pour alimenter les féculeries, donnait à l’hectare 21 500 kilos de tubercules renfermant 3 010 kilos de fécule, plusieurs autres variétés, lui furent notablement supérieures, et parmi elles la Richter’s Imperator se plaça nettement au premier rang : sur une petite surface, égale à celle qu’occupaient les autres variétés, elle fournit la valeur de 44 000 kilos de tubercules à l’hectare avec 8 tonnes de fécules dans un cas, 41 072 kilos dans un autre, encore avec 8 000 kilos de fécule. Deux autres essais furent un peu moins favorables, mais l’un d’eux disposé sur un hectare fournit cependant 33 tonnes de tubercules renfermant 5 808 kilos de fécule.

La fécondité de la Richter’s Imperator, mise en lumière par les travaux de M. Aimé Girard, frappa vivement un certain nombre de cultivateurs avisés, qui n’hésitèrent pas à mettre en expérience la nouvelle variété. Les résultats obtenus confirmèrent absolument ceux qu’avait annoncés notre savant confrère : deux observateurs recueillirent à l’hectare plus de 9 000 kilos de fécule, quatre plus de 8 000, sept des quantités variant entre 7 et 8 000èkilos ; les récoltes les plus faibles donnèrent encore assez de tubercules pour qu’on y trouvât de 6 à 7 000 kilos de fécule.

Le brillant succès de la Richter’s Imperator témoignait de