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partie de ce papier ? À l’actif du fonds d’échange, nous trouvons une encaisse de 350 millions de roubles or décomptés à leur valeur nominale, soit 1 400 millions de francs. Le solde de 769 millions, représente le découvert du Trésor du chef des émissions de billets de crédit, en d’autres termes la somme que le Trésor a empruntée par voie de création de papier a cours forcé. La Banque d’Angleterre fait aussi figurer à son actif, pour 11 millions de livres sterling, une créance sur le Trésor, mais elle à une encaisse quadruple, tandis que l’encaisse de la Banque de Russie ne représente que la moitié du découvert.

L’examen de la seconde partie du bilan, « opérations commerciales », n’amène aucune observation spéciale ; le portefeuille et les avances sont des comptes analogues à ceux qui se retrouvent chez la plupart des banques d’émission ; les prêts sur marchandises ont une importance plus grande en Russie qu’ailleurs. Au passif la Banque a des dépôts à terme sur lesquels elle bonifie des intérêts, contrairement aux Banques de France, d’Angleterre, d’Allemagne, etc., qui n’ont que des comptes-courans sans intérêts. L’encaisse de ce département s’élève en ce moment à 60 millions de roubles environ. En outre le Trésor y a en dépôt 200 millions de roubles or. L’ensemble de ces diverses ressources métalliques dépasse 600 millions. Les dépôts de la Banque et du Trésor à l’étranger complètent le chiffre de 640 millions que nous avons indiqué plus haut comme étant celui du stock d’or de la Russie.

En même temps que le bilan a été ainsi simplifié et refondu, les statuts de la Banque ont subi des modifications considérables. Si la forme adoptée pour les écritures mérite d’être approuvée, puisqu’elle fait ressortir plus clairement le chiffre vrai de la circulation et immobilise au fonds d’échange une quantité d’or qui augmente la garantie permanente de la circulation, la nouvelle charte de l’établissement, promulguée le 24 juin 1894, contient certaines dispositions qui révèlent une tendance dangereuse pour un établissement d’émission. L’article premier porte que « la Banque a pour but de faciliter la circulation et de favoriser, au moyen du crédit à court terme, le commerce, l’industrie nationale et la production agricole ; elle a en outre pour objet la stabilité du système monétaire. » Bien que cette aide donnée à l’agriculture soit limitée au crédit à court terme, il nous semble que c’est par des établissemens spéciaux que cet appui doit être donné. La Banque de la noblesse, la Banque foncière des paysans, sans compter une dizaine de crédits hypothécaires particuliers, ont été créés à cet effet.

Dans le désir d’encourager l’esprit d’entreprise, on autorise la