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que l’Inde, où, il est vrai, la petite industrie manuelle n’est pas encore sérieusement dépossédée.

Les filatures de jute sont au nombre d’une trentaine, représentant un capital de 30 millions de roupies, occupant 66 000 ouvriers avec 8 700 métiers et 174 000 broches. Le jute étant cultivé spécialement dans le Bengale, les filatures sont presque toutes dans le voisinage de Calcutta et appartiennent en général à des Anglais. Les fils servent à fabriquer surtout les toiles dont sont faits les sacs utilisés dans l’Inde même ou en Australie et aux États-Unis pour l’emballage des grains, de la laine, du coton, du sucre. L’Inde n’a encore que six grandes filatures et deux établissemens de tissage de soie, à côté, il est vrai, d’un nombre considérable de petites filatures indigènes, produisant des tissus de qualité inférieure, d’un usage courant dans la population. Il faudrait citer encore cinq manufactures avec 526 métiers pour la transformation de la lai ne en couvertures et uniformes, 55 minoteries produisant près d’un million de quintaux métriques de farine, à peu près autant d’usines pour le nettoyage et le décorticage du riz dans la basse Birmanie, avec un rondement de 12 millions de quintaux métriques ; industrie locale dont les progrès ont déjà amené la disparition à peu près complète de l’industrie du nettoyage du riz en Angleterre et sur le continent européen. Quant aux huileries, au nombre d’une cinquantaine, leur production annuelle n’a pas l’importance de celle que donnent les seules huileries de Marseille.

Quand nous aurons signalé encore un certain nombre de sucreries, de tanneries, de papeteries, de scieries mécaniques, d’usines pour le décorticage du café ou pour la préparation de l’opium et du thé, de manufactures de cigares, d’indigoteries, nous aurons à peu près épuisé la liste des établissemens représentant la grande industrie et qui sont nés ou se sont développés dans l’Inde au cours des douze ou quinze dernières années. Il serait injuste d’oublier l’exploitation houillère, presque toute concentrée dans le Bengale, où se trouvent 73 concessions sur les 82 qui existent dans l’Hindoustan, produisant déjà plus de deux millions de tonnes d’un charbon en général de qualité inférieure, mais dont se contentent les établissemens industriels et les chemins de fer. Les ports de la côte occidentale, Kurrachee et Bombay, absorbent au contraire chaque année 800 000 tonnes environ de houille britannique importée. L’industrie métallurgique, avec 55 fonderies, dont le plus grand nombre n’ont qu’une médiocre importance, est encore dans l’enfance.

Le manufacturier indien a sur son concurrent anglais des avantages qui ne sauraient être contestés, et, en premier lieu, le