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LES THÉORIES DE LA CHALEUR

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III[1]



CHALEUR ET MOUVEMENT

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I

« La chaleur est le résultat d’un mouvement, lisons-nous dans les notes posthumes de Sadi Carnot. Alors il est tout simple qu’elle puisse se produire par la consommation de puissance motrice et qu’elle puisse produire cette puissance… Mais il serait difficile de dire pourquoi, dans le développement de la puissance motrice par la chaleur, un corps froid est nécessaire, pourquoi, en consoïnmant la chaleur d’un corps échauffé, on ne peut pas produire du mouvement. »

La théorie de Carnot, telle que son auteur l’avait développée, était manifestement en contradiction avec l’hypothèse que la chaleur est un mouvement ; elle contredisait la loi de l’équivalence de la chaleur et du travail qui, elle, découle logiquement de cette hypothèse. En changeant les bases de cette théorie, en la faisant reposer sur l’axiome : tout cycle de Carnot qui fait passer de la chaleur d’un corps froid à un corps chaud exige un travail fourni par les forces extérieures, Clausius a fait disparaître cette évidente contradiction ; la théorie de Carnot, telle que Clausius l’a développée, ne heurte plus la loi de Mayer : elle n’est plus explicitement incompatible avec la théorie mécanique de la chaleur ; en résulte-t-il qu’elle soit compatible avec elle ? L’une des théories repose sur l’hypothèse que la quantité de chaleur dégagée par un

  1. Voyez la Revue du 15 juin et du 15 juillet.