mobilier et immobilier de l’État : fermages et concessions de droits d’exploitation, 15 millions ; forêts, 25 ; chemins de fer de l’État, 180 ; usines, 21 ; produit des valeurs mobilières appartenant à l’État et bénéfices sur les opérations de la Banque de Russie, 7 millions ; aliénations de propriétés immobilières, 800 000 roubles. L’État possède près de la moitié de la Russie d’Europe, soit 250 millions d’hectares avec 24 millions d’hommes, mais dans les parties les plus incultes et les moins accessibles. Le produit des chemins de fer est un chapitre dont l’importance s’est énormément accrue, au cours des dernières années, dans le budget de la Russie. Elle poursuit avec énergie cette politique de rachat des lignes privées qui a eu pour effet de mettre aux mains du gouvernement les trois quarts du réseau national, soit environ 24 500 verstes, ou 26 140 kilomètres[1]. En principe nous ne sommes pas favorables à l’exploitation des chemins de fer par l’État : nous avons essayé en particulier de démontrer aux lecteurs de la Revue combien l’organisation actuelle des chemins de fer français[2] est sage et conforme à une politique soucieuse de l’avenir. Mais nous comprenons les motifs qui ont dicté au gouvernement russe le rachat des lignes particulières : celles-ci sont en effet encore loin d’avoir atteint le maximum de leur rendement ; il est probable que d’ici à peu d’années la Russie, comme la Prusse le fait déjà, retirera un revenu croissant du capital qu’elle a déboursé pour devenir propriétaire de son réseau. Elle s’est donc assuré une ressource puissante. Mais, d’autre part, l’exploitation par les fonctionnaires présente des inconvéniens sur lesquels il est inutile d’insister et qui ont été reproduits dans toutes les discussions relatives aux mérites respectifs des divers systèmes de chemins de fer.
Les forêts, sur une grande partie du territoire, sont la propriété de l’État ; elles donnent un revenu brut qui ne représente qu’un prix faible pour les quantités de bois consommées. A plusieurs reprises a été exprimée la crainte que la Russie ne gaspillât ses richesses forestières naturelles : la mise en exploitation récente de gisemens houillers considérables permettra de conserver plus aisément les bois, si nécessaires à la santé publique et à l’agriculture. Le reproche de coupes dévastatrices, que le gouvernement russe a lui-même adressé à ses nationaux, ne s’applique plus aujourd’hui aux forêts domaniales, que l’administration promet de conserver intactes.