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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet

Au moment où nous écrivons cette chronique, les élections destinées à renouveler par moitié les conseils généraux viennent d’avoir lieu, mais il reste à procéder aux scrutins de ballottage et les résultats ne sont pas encore assez bien connus pour pouvoir être appréciés. Tout ce qu’on peut dire, c’est que les républicains ont gagné un certain nombre de sièges, et notamment sur les socialistes. Ces derniers répètent tous les jours que le pays se range de plus en plus à leur opinion : ils annoncent de grands succès électoraux ; les faits n’ont pas réalisé leurs prophéties. De tous les partis, — puisqu’ils ont la prétention d’en former un, — le leur est celui qui a le plus souffert du scrutin du 28 juillet. Ces élections n’ont d’ailleurs pas eu d’importance ; elles se sont passées dans le plus grand calme, et le repos des vacances n’en a pas été agité.

Mais la Chambre elle-même, avant de se séparer, a voté un ordre du jour qui a laissé quelque trouble dans les esprits. Nous voulons parler, tout le monde le sent, de l’interpellation de M. Pourquery de Boisserin. Le Conseil de l’ordre de la Légion d’honneur a décidé de ne pas rayer M. Eiffel de la liste de ses membres. A-t-il eu tort ? a-t-il eu raison ? c’est une question que nous n’avons pas à examiner ici. Si la grande-chancellerie a cru devoir s’arrêter à la résolution qu’elle a prise, elle a eu sans doute pour cela des motifs sérieux, mais ces motifs, nous ne les connaissons pas : ils n’ont pas été exposés à la Chambre, qui a entendu seulement l’accusation de M. Pourquery de Boisserin, sans qu’aucune réponse y ait été faite. Loin de nous la pensée de blâmer, sur ce point, la réserve du gouvernement, car la Chambre n’avait pas à juger la décision de la grande-chancellerie, et c’est par un véritable abus de pouvoir qu’elle l’a condamnée par son vote. Le doute mêlé d’anxiété, qu’un tel débat a produit dans les imaginations s’est trouvé, le débat une fois terminé, encore plus grand qu’il ne l’était auparavant, Il s’agissait de cette déplorable affaire de Panama qui pèse d’un poids si lourd sur notre situation générale depuis quelques années, et qui ne paraît pas avoir encore épuisé toute sa puissance de nuire. Quand on croit en avoir fini avec elle,