Sidon, et des frises de Magnésie du Méandre, ces dernières au Louvre. Souvent un troisième et un quatrième agresseurs arrivent à la rescousse, un mort encombre le terrain, un ami chargé d’un blessé passe au second plan, mais la lutte n’en est pas moins resserrée dans d’étroites limites, et le drame d’à côté se confond si peu avec elle, que, parfois, les combattans, voisins pied à pied, se tournent complètement le dos. Sans doute l’antiquité nous offre des exemples de batailles par masses ou par fi les, mais c’est dans ses œuvres inférieures, sur les bas-reliefs de Ninive, contant la gloire de Sennachérib ou d’Assourbanipal, sur les monumens d’Égypte proclamant la grandeur de Ménéphthah ou de Ramsès III, ou bien, à l’autre bout de son histoire, sur la colonne Trajane. Là, l’artiste a voulu donner l’idée de la masse par un pêle-mêle indescriptible ou par des processions de guerriers cheminant un à un, ou bien par des monceaux de têtes réparties dans l’épaisseur du bas-relief, à des plans différens. Mais tout ceci se passe bien avant la belle époque de la sculpture antique, ou bien après elle. A l’époque classique, la foule, impossible à figurer par le relief, disparaît presque entièrement devant le type. Comme le dit très bien l’auteur de Kampfgruppe und Kämpfertypen : « Nous voyons avec quelle force consciente d’elle-même, les artistes se sont débarrassés de tout réalisme, de tout récit à la manière épique, et se sont seulement appliqués à faire rendre par leur art le côté dramatique de la lutte. Ils ne se sont plus dès lors inquiétés le moins du monde de représenter, au vrai et au long, la suite du combat, mais bien de faire évoluer de jeunes corps nus dans des attitudes intéressantes et hardies. Ils ont laissé là la réalité qui, dans le combat, précipite une masse contre l’autre ; ils ont placé l’homme contre l’homme et ils ont donné à l’individu une importance qu’il n’a jamais eue dans la nature, mais bien dans la fantaisie vivante de l’artiste[1]. » Le duel, plus ou moins compliqué par la présence d’un mort entre les combattans, d’un blessé qui se relève, d’un ami qui accourt à l’aide, forme le fond de toute cette composition.
Où se passe ce duel ? L’artiste ne nous le dit pas et qu’avons-nous besoin de le savoir ? Tout ici réside dans la force ou l’agilité de l’être et rien dans le concours des choses. D’ailleurs, la bataille antique se passe le plus souvent dans une plaine unie ou mollement ondulée, comme à Zama, à Verceil, à la Trébie, et le terrain n’ayant aucune part dans le choix des manœuvres et de l’action, la nature n’entre pour aucune dans la victoire. Aussi, la plupart du temps, il n’y a même pas un essai de la montrer ! Les bas-reliefs de
- ↑ Oscar Bie, Kampfgruppe und Kämpfertypen in der Antike.