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TRIOMPHE DE LA MORT


DERNIÈRE PARTIE[1]

L’INVINCIBLE



I

Hippolyte exulta d’allégresse lorsque George lui annonça l’arrivée prochaine du piano et des partitions. Comme elle lui était reconnaissante de cette aimable surprise ! Ils auraient donc enfin de quoi rompre l’oisiveté des longues heures diurnes et se soustraire aux tentations…

— De cette façon, dit-elle avec un rire où pointait une malice sans aigreur, de cette façon, tu ne t’enfuiras plus sur ton maudit Trabocco… n’est-ce pas ?

Elle se rapprocha, lui prit la tête, lui étreignit les tempes avec ses paumes, et le regardant au fond des prunelles.

— Confesse que tu t’y réfugies à cause de cela, murmura-t-elle d’une voix câline, comme pour l’induire à se confesser.

— À cause de quoi ? demanda-t-il, en éprouvant sous le contact de ces mains la sensation qu’on éprouve lorsqu’on pâlit.

— Parce que tu as peur de mon amour.

Elle avait prononcé ces paroles avec lenteur, scandant presque les syllabes, d’une voix qui avait pris tout à coup une limpidité

  1. Voyez la Revue des 1er  juin et 15 juin, 1er  et 15 juillet.