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paraissent conclure, des différences qu’ils constatent entre l’homme et la femme, à une égalité absolue de droits et de devoirs. « Aussi longtemps que Dieu n’aura pas inventé pour l’humanité quelque autre moyen d’engendrer, dit le professeur Case, la pureté de la femme devra rester une des conditions de la vie sociale. La différence des sens entraîne une différence absolue dans l’éducation physique, intellectuelle et morale de l’homme et de la femme. Et pour m’en tenir à l’éducation morale, j’affirme que l’homme peut lire et entendre maintes choses que la femme doit ignorer ; j’affirme en outre que l’homme et la femme doivent être élevés séparément, qu’ils ne doivent pas être admis ensemble à étudier Aristophane et Juvénal, à disséquer dans les laboratoires d’anatomie et de physiologie. C’est déjà une chose assez répugnante que les jeunes filles anglaises d’à présent soient autorisées à lire des livres dont rougiraient leurs mères. »

Et le professeur Case s’étonne, en terminant, de cette fièvre d’ambition qui pousse les femmes à réclamer des droits où elles ne sauraient prétendre, tandis qu’il leur est permis d’obtenir des droits équivalens dans tant d’autres universités, sans compter les innombrables écoles supérieures qu’on a fondées expressément pour elles. Mais qu’importent ces écoles à la femme nouvelle ! Rivaliser avec l’homme, le chasser tour à tour de tous les domaines que l’usage des siècles lui avait réservés, voilà l’unique entreprise qui la tente désormais.

Si encore, en échange de ces nouveaux privilèges, elle se résignait à abandonner les anciens, si elle consentait à payer ses victoires de quelques sacrifices ! C’est à quoi l’invite M. Quilter, dans l’article que j’ai eu déjà l’occasion de citer. Il voudrait que la femme ait le courage de choisir une bonne fois entre son rôle de jadis et le rôle nouveau qu’elle aspire à jouer. « Mais au lieu de cela, dit-il, nous la voyons résolue à garder tout ensemble ses prérogatives anciennes et ses nouvelles conquêtes, réclamer tout ensemble les droits d’une égale, les immunités d’une protégée, et le respect que l’on doit aux êtres supérieurs : et je ne connais d’équivalent à leur cas que celui des acteurs, qui, dans ces dernières années, se sont accoutumés à requérir la situation d’hommes du monde, tout en continuant à s’affranchir des obligations et des devoirs du reste de la société. »

Il faudra bien cependant, ajoute M. Quilter, que la femme nouvelle prenne un jour son parti de sa nouveauté. « Elle demande qu’une égalité absolue de morale, de liberté, d’occupations, soit admise entre l’homme et elle, que toutes les fonctions soient communes aux deux sexes. Mais pour que se réalise un pareil idéal, n’est-il pas indispensable que la