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REVUE LITTERAIRE

L'OPERA ET LA TRAGEDIE AU XVIIe SIECLE

L’une des dernières thèses soutenues en Sorbonne a obtenu un succès un peu différent de celui qui de coutume est réservé à ces exercices généralement austères. Les chroniqueurs ont appris à tout Paris que le piano vient de faire son apparition dans la salle où l’on sacre les docteurs ; les musiciens ont constaté avec plaisir que rien n’est à l’abri de leur envahissement ; tout le monde a fort approuvé que la Faculté se décidât à sacrifier aux grâces décentes. La musique adoucit les mœurs. Cela est d’un bon augure en ce temps d’examens où la férocité des juges fait couler les larmes de tant de mères !… Cette thèse, que son auteur, M. Romain Rolland, a brillamment « accompagnée », est une Histoire de l’opéra en Europe avant Lully et Scarlatti[1]. Elle contient de consciencieuses recherches sur les origines de l’opéra en Italie, en Allemagne, en France, en Angleterre et sur les premiers compositeurs. Que valent au point de vue de la musique les théories, les opinions et les appréciations de M. Rolland ? Ce n’est pas à moi qu’il appartient ici de le dire. Je n’ai pas à prendre parti pour ou contre le genre lui-même de l’opéra, non plus qu’à discuter la théorie wagnérienne de l’union de tous les arts. Je n’examinerai pas davantage la question de savoir si « Lully a contribué à fourvoyer la musique française depuis deux siècles. » Ces sujets spéciaux exigent la compétence des professeurs du Conservatoire ou de ceux de la Sorbonne. Mais le sujet du travail de

  1. Histoire de l’opéra en Europe avant Lully et Scarlatti, par M. Romain Rolland, docteur ès lettres. 1 vol., chez Thorin. — Cf. Nuitter, les Origines de l’opéra français (Plon) et Fournel, les Contemporains de Molière (Didot).