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exerce de déposer tout ce qu’il trouve au musée de Gizéh ; il le fait. Pour les deux autres, ils fouillent de compte à demi, le musée de Gizéh ayant non seulement la moitié des objets trouvés mais aussi le droit de préélection. De l’autre moitié, M. Naville, qui fouille pour le compte de l’Egypt exploration fund, dirige sur Londres les monumens qu’il a découverts ; la société fait elle-même le partage entre les divers musées de l’Europe et de l’Amérique, le British Museum recevant la meilleure part, comme il est juste, le musée du Louvre recevant aussi sa petite part, qu’il a hâte d’ailleurs de mettre en ses magasins, ce qui ne permet pas de juger de la générosité de la société anglaise ; quant à M. Pétrie, auquel appartient la moitié des objets qu’il a trouvés, il en fait part à ses amis, à divers musées d’Angleterre, au musée de Berlin, et je dois dire que nous ne figurons pas au nombre de ses amis. On s’est donc ému, en France, de cette situation qu’il me sera permis de qualifier d’anormale. On a songé à fonder une société comme la société anglaise dont il vient d’être question, et l’on a déjà réuni des souscripteurs sérieux, mais en trop petit nombre. Ce qu’il faudrait, ce serait un ou deux milliers de petits souscripteurs qui, chaque année, apporteraient à la société française les ressources nécessaires pour faire des fouilles sérieuses en Égypte et qui recevraient en récompense les publications que l’on ferait. C’est ce qui se pratique en Angleterre, et pourquoi n’en ferait-on pas autant en France ? Les objets trouvés, si l’on en trouvait, permettraient d’enrichir l’admirable collection du Louvre et de créer d’autres collections en province. Ce projet ne semble pas irréalisable, surtout au moment où tant de généreux particuliers font les dons que l’on sait à nos musées. Je souhaite vivement pour ma part qu’il réussisse.


E. AMELINEAU.