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embrouiller, l’artiste qui l’exécuta imagina une sorte de croix de Malte, composée d’un noyau central d’où s’enlèvent quatre fleurs de lotus opposées deux à deux, incrustées elles aussi d’émeraude et de cornaline. Il y a six de ces croix de Malte, si l’effet qu’elles produisent est des plus gracieux. Cependant, malgré l’habileté de l’orfèvre et à cause de la grande difficulté du travail, ce bijou, qui a un diamètre de 175 millimètres, une hauteur de 20 millimètres et qui pèse 36 grammes, n’est pas d’un grand effet décoratif : il est embrouillé, les fils d’or se sont tordus, la plupart sont devenus trop lâches, offrent une trop grande distance entre eux ; il y en a bien peu qui aient conservé les courbures gracieuses originelles. Ce bijou pouvait être d’un grand effet, mais il n’était pas pratique. Il en est tout autrement du second diadème composé de pièces d’un dessin très pur et très décoratif. Il est formé par seize motifs lyriformes entourant deux à deux une rosace dont le bouton central est en or et le contour incrusté de larmes de cornaline, d’émeraude et de lapis-lazuli. Les lyres étant tournées l’une vers l’autre, embrassent d’un côté la rosace et de l’autre lui sont soudées : si elles embrassent la rosace elles l’atteignent par quatre fleurons, qui l’enserrent, pendant que d’autres fleurons, également au nombre de quatre, remplissent le vide qui, sans eux, serait trop grand entre les côtés de la lyre et l’effet produit disgracieux ; si, au contraire, elles sont soudées à la rosace par la partie postérieure, cette rosace est elle-même surmontée d’une lyre qui est debout avec ses fleurons. Ces lyres debout et couchées n’ont de semblable que l’apparence : les lyres couchées sont incrustées de grains ovoïdes et de losanges sertis dans l’or ; celles au contraire qui sont debout sur les rosaces sont incrustées de petites lames irrégulières en cornaline, en émeraude et en lapis-lazuli, selon les besoins de la ligne, mais le plus souvent forment un parallélogramme régulier. L’artiste qui fit ce bijou avait au plus haut point le sentiment de la forme et le goût artistique. Ce second diadème a un diamètre de 210 millimètres, une hauteur de 420 millimètres et pèse 108 grammes. Ni l’une ni l’autre de ces deux couronnes ne sont d’ailleurs complètes telles qu’elles viennent d’être décrites : on fixait encore par-dessus, dans un tenon, un panache en or qui représentait une plante d’or dont les fleurs pendaient en grappes de perles d’or ou de pierres précieuses, ou encore un porte-plumet et des porte-aigrettes, le premier formé de trois pièces destinées à recevoir des plumes disposées en éventail, les autres consistant en deux tubes qui rentraient l’un dans l’autre et s’adaptaient à la couronne. Évidemment les dames égyptiennes avaient le goût de la coquetterie et trouvaient des artistes assez habiles pour satisfaire ce goût.