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pourrait-on connaître l’architecte qui inventa cette colonne et le retrouverait-on dans le personnage même qui possédait cette tombe, car ledit Petahschepsès était grand architecte du Pharaon Sahourâ, et il n’y a nulle audace à penser qu’il voulut décorer son tombeau des ornemens qu’il avait imaginés. Saluons cet architecte qui a bien mérité de l’art humain !

Les fouilles de M. de Morgan ne se sont pas bornées à l’ancien empire : c’est maintenant à Dahschour qu’il faut nous transporter, petit village perdu au bord du désert libyque dans les sables duquel les Pharaons de la XIIe dynastie, suivant peut-être exemple de leurs prédécesseurs de la IIIe, avaient construit leurs pyramides et les tombeaux des grands personnages de leur cour. Selon la coutume égyptienne, ils y reposaient entourés de leur famille et de leurs grands officiers, si bien que leurs doubles ou leurs ombres pouvaient continuer de mener dans la mort la vie qui avait été la leur pendant leur première existence. Commencées en 1893, les fouilles de Dahschour ne sont pas encore terminées actuellement ; mais les résultats en sont d’une importance si extraordinaire qu’on ne saurait attendre à les faire connaître. M. de Morgan a réussi à trouver l’entrée de deux pyramides, celles d’Amenemhal III et d’Ousortesen III : les difficultés ont été grandes ; il lui a fallu faire des sondages au perforateur, boiser les tranchées pour empêcher les éboulemens qui eussent enseveli les travailleurs sous une montagne de pierres, pratiquer un aérage artificiel comme dans les mines, exécuter lui-même ce travail pour y initier les fellahs, ne reculer en un mot devant aucune fatigue ; et tout cela pour arrivera constater que les pyramides, dont l’entrée avait été oubliée au cours des siècles, avaient jadis parfaitement laissé pénétrer les voleurs qui les ont dépouillées. Dans les chambres il n’y avait rien ou presque rien. Mais sans se laisser décourager par ces résultats négatifs, M. de Morgan porta ses fouilles aux entours des pyramides, et c’est là que le succès l’attendait. Je ne veux pas m’attacher à décrire minutieusement tous les objets qui ont été découverts et qui sont extrêmement nombreux, je me bornerai à signaler ceux qui méritent une particulière attention.

Tout d’abord M. de Morgan a mis la main sur un nouveau Pharaon, et comme ce Pharaon se trouvait au milieu d’autres personnages appartenant à la XIIe dynastie, il en a conclu avec assez de raison que ce Pharaon appartenait à la même époque. Ce nouveau roi a fait plus de bruit après sa mort, en notre XIXe siècle, qu’il n’en avait jamais sans doute fait pendant sa vie, car il avait parfaitement été passé sous silence. Il se nommait