ses prédécesseurs et ses successeurs, des conquêtes ou plutôt des razzias annuelles qui remplirent à nouveau ses trésors et lui procurèrent les esclaves dont il avait besoin pour réparer les vides occasionnés par la mort. Mais bientôt après son accession au trône, le nouveau Pharaon ne put s’empêcher de voir que les prêtres thébains d’Amon prenaient de plus en plus une influence prépondérante ; qu’ils accaparaient peu à peu les hauts emplois, obstruaient toutes les voies menant au trône ; et en un mot formaient une puissance qu’il fallait briser si l’on ne voulait pas que, tôt ou tard, ils ne vinssent à escalader le trône et à en chasser celui qui l’occupait, — ce qu’ils firent en effet sous la XXIe dynastie. Deux moyens s’offraient au pharaon pour arriver à son but : la violence ou la politique. Il choisit le second. Pour se soustraire lui-même et sa cour à l’envahissement graduel de ses ennemis, il abandonna Thèbes et ses splendeurs et se fit bâtir une capitale nouvelle au lieu appelé de nos jours El-Amarna. Non content d’avoir transporté sa capitale en un lieu où le nom abhorré d’Amon et de ses prêtres ne fût pas connu, ou du moins ne fût pas prononcé, il essaya de faire lui-même une révolution religieuse. Au culte d’Amon il tenta de substituer le culte d’Aten, le disque solaire, et de réunir l’Égypte entière en cette religion qui n’avait de nouveau que l’apparence, n’étant au fond que le culte ancien de Râ, le dieu-soleil, qui présidait au sanctuaire d’Héliopolis. Il appela sa ville Khoutenaten, c’est-à-dire : la demeure rayonnante du disque solaire, et lui-même, il prit le nom de Khoutenaten, ce qui n’est que la forme masculine du nom de la ville et ce qui signifie : le rayonnement du disque solaire. Il fit construire un temple à sa nouvelle divinité, il se bâtit à lui-même un palais magnifique, et concéda aux principaux officiers de sa cour des tombeaux qu’ils se préparèrent avec le plus grand soin, décorèrent de scènes admirables traitées d’une manière tout à fait nouvelle, contenant des hymnes d’une poésie inattendue, si bien qu’à distance le règne d’Aménophis IV nous apparaît comme le règne d’un Pharaon révolutionnaire en politique, en religion, en poésie, en architecture, en sculpture, en peinture, en un mot dans tous les arts que l’on cultivait alors. Je n’ai pas à m’occuper ici de politique, de religion et de poésie, ni même de la décoration et de l’architecture des tombeaux d’El-Amarna, mais simplement des résultats sortis des fouilles de M. Pétrie, et principalement du palais d’Aménophis IV.
Ce palais se composait, comme toutes les grandes habitations égyptiennes passées et présentes, d’un immense rectangle enfermé dans une enceinte de murs et ne présentant qu’une seule entrée.