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faiblesse ne saurait aucunement empocher de reconnaître en lui le premier des archéologues contemporains en ce qui regarde l’Égypte.

Le commencement de sa carrière de fouilles date de 1882. Il s’attaqua d’abord aux grandes pyramides de Gizeh et crut avoir presque épuisé le sujet. Il découvrit ensuite le site de la célèbre Naukratis, l’une des premières villes ouvertes aux Grecs en Égypte ; puis, le souvenir de Mariette l’obsédant, il fouilla Tanis, la ville capitale des Pasteurs ou Hycsos pendant leur domination. Les fouilles de Mariette lui laissaient peu d’espoir de réussir ; il sut cependant, grâce à sa méthode, recueillir quantité de renseignemens qui ne sont point à dédaigner. M. Pétrie explora ensuite certains sites inconnus ou connus du Fayoum, Biahmou, Haouarah, Qahoun, Gourob, Ellahoun, avec des chances plus ou moins grandes, mais jamais avec insuccès. Ce fut à Kahoun et à Gourob qu’il retrouva les vestiges du séjour qu’y firent des Grecs — esclaves plutôt que colons — près de trois mille ans avant notre ère. Son habitude de ne rien négliger l’avait bien servi ce jour-là ! Si la découverte n’autorise pas en effet les conclusions aventureuses qu’il en a tirées, elle est cependant de la plus haute importance pour résoudre le grand problème des rapports de l’Égypte avec les Grecs d’abord, avec notre monde occidental ensuite.

Dans les dernières années qui viennent de s’écouler, les fouilles de M. Pétrie ont porté sur la ville construite sur le site actuel d’El-Amarna — ou, comme on dit le plus souvent, de Tell-el-Amarna, quoiqu’il y ait là deux villages distincts ; — sur l’ancienne ville de Coptos ; et cette année même sur un village du nome thébain qui possède un certain nombre de sépultures antiques, Neggadeh. Comme les résultats acquis dans les fouilles de Coptos ne sont pas publiés et que les autres sont encore inconnus, nous sommes réduits à nous contenter d’El-Amarna : fort heureusement le sujet est instructif et les résultats des fouilles de M. Pétrie surprenans.

Vers la fin de la XVIIIe dynastie égyptienne, après les règnes puissans des Thoutmès et des trois premiers Aménophis, la royauté égyptienne tomba entre les mains d’un prince dont la vie reste encore une énigme pour un grand nombre de savans, à plus forte raison pour les hommes instruits non initiés aux mystères de l’égyptologie. Ce Pharaon se nommait d’abord Aménophis IV. Il reçut de son père un empire florissant, des trésors nombreux et bien remplis, une armée d’élite, en un mot tout ce qui pouvait faire présager un gouvernement fort et prospère. Il fit, comme